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Emmanuel Macron et la "logique intersectionnelle qui fracture tout" : comment le discours du chef de l'Etat a évolué sur ce sujet

Dans le magazine Elle, paru jeudi 1er juillet, le chef de l'Etat s'inquiète d'une société qui "réessentialise les gens par la race". En 2017 et 2018, il s'était montré plus proche de cette lecture intersectionnelle des discriminations. 

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le président de la République a précisé sa vision des débats autour des questions de race, de genre et de discrimination, en marge d'un forum de l'ONU Femmes consacré à l'égalité des genres, à Paris.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le président de la République a livré sa vision sur certains débats de société, dans un entretien paru dans le magazine Elle, jeudi 1er juillet 2021, en parallèle de la tenue, à Paris, du Forum Génération Egalité de l'ONU Femmes. Emmanuel Macron y parle des féminicides, de l'égalité salariale, du congé paternité. Sur ces sujets, sa vision semble avoir évolué. 

Durant la campagne présidentielle, en 2017, déjà dans Elle, il déclarait qu'aujourd'hui, "les jeunes femmes des banlieues cumulent les obstacles". Cela pouvait laisser imaginer une vision intersectionnelle, la prise en compte d'autres formes de discrimination, en plus du sexisme. L'année suivante, en 2018, au moment de la présentation du plan banlieues, et du rapport de Jean-Louis-Borloo, le chef de l'Etat ironisait sur la situation : "Quelque part, ça n'aurait aucun sens que deux mâles blancs, ne vivant pas dans ces quartiers, s'échangent un rapport"

Macron rejoint la vision de Blanquer

Ces propos dans Elle, le 1er juillet 2021, tranchent totalement avec ses déclarations précédentes. Emmanuel Macron se présente comme un universaliste, déclarant ne pas se reconnaître "dans un combat qui renvoie chacun à son identité ou à son particularisme". Il parle ainsi de concert avec son ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, parti en croisade contre ces idéologies identitaires.

Le président de la République s'inquiète d'une "logique intersectionnelle qui fracture tout", d'une société qui se morcelle et du "retour d'une assignation à résidence". Un terme qui lui est cher, dont il parle depuis 2017. Pour lui, essentialiser les gens par la race revient à les assigner à résidence, de même qu'expliquer les difficultés sociales uniquement par le genre et la couleur de la peau est insuffisant. 

Pour expliquer ce revirement, il ne faut pas non plus sous-estimer le rôle de la première dame, Brigitte Macron, ainsi que la volonté de parler à un électorat plus à droite, très opposé à ce type de conceptions. 

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