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Emmanuel Macron en Corse : "Il faudra que chacun soit à la hauteur des enjeux", prévient Jean-Guy Talamoni

Le nationaliste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse a affirmé, mardi, sur franceinfo que les Corses attendent un "message" du président de la République pour "donner le départ d'un véritable dialogue". Emmanuel Macron est attendu sur l'île à l'occasion des 20 ans de l'assassinat du préfet Claude Érignac. 

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, le 2 janvier 2018, à Ajaccio. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Le président de l'Assemblée de Corse, le nationaliste Jean-Guy Talamoni, rencontrera mardi 6 février à 19 heures le président Emmanuel Macron à Ajaccio. Jean-Guy Talamoni, qui ne participera pas à la cérémonie officielle en hommage au préfet Claude Érignac, 20 ans tout juste après son assassinat, a toutefois fait part, mardi matin sur franceinfo, de sa "compassion" envers "la mémoire du préfet Érignac, sa famille, et ses proches".

franceinfo : Emmanuel Macron va vous rencontrer, mais cette décision est survenue tardivement. L'Élysée avait perdu votre numéro de téléphone ?

Jean-Guy Talamoni : C'est possible. En tout cas il est vrai que cette rencontre a été confirmée assez tardivement. Mais ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est qu'elle ait lieu et surtout ce qui va nous être dit par le président de la République. Les Corses attendent aujourd'hui un message pour donner le départ d'un véritable dialogue et d'une nouvelle relation entre la Corse et Paris. C'est un moment important pour la Corse et il faudra que chacun soit à la hauteur des enjeux.

L'Élysée a exigé que le drapeau français soit installé dans le bureau où vous allez rencontrer Emmanuel Macron, le confirmez-vous ?

C'est quelque chose qui était en train d'être réglé, comme d'habitude, par les cabinets, et la préfecture a jugé bon de prévenir la presse à ce sujet, de placer les choses à un niveau symbolique et de dramatiser une question qui n'était pas la plus importante. Nous en prenons acte, mais tout cela ne nous paraît ni loyal, ni très intéressant, je crois, pour les Corses et pour les relations que nous essayons de construire.

Dans quel état d'esprit accueillez-vous Emmanuel Macron ?

Dans un état d'esprit très positif, en ce qui me concerne. Nous sommes prêts à engager des discussions avec la loyauté dont nous sommes capables de faire preuve et elle n'a jamais été démentie lors des discussions précédentes avec Paris, depuis des années. Il se trouve que les précédentes discussions n'ont pas abouti et n'ont pas permis de régler définitivement la question corse. Aujourd'hui, compte tenu de la situation que connaît l'île, il y a une possibilité de régler définitivement cette question corse. Je pense qu'il ne faudrait pas manquer cette occasion, car ce serait tout à fait dramatique. Il y a un gouvernement et un président de la République qui disposent à Paris, d'une large marge de manœuvre, compte tenu de leur situation et du fait qu'ils ont été élus il y a peu de temps. Il y a, en Corse, une situation apaisée, depuis plusieurs années. Il y a également une majorité territoriale qui vient d'être réélue de façon plus que confortable, à la majorité absolue. Les Corses nous ont manifestés une confiance massive et je crois que tout cela plaide en faveur d'un rapprochement et de discussions constructives.

On a l'impression que vous dites au président 'la balle est dans votre camp', mais Emmanuel Macron a déjà fait savoir que sur la langue corse ou sur le rapprochement des prisonniers corses, il n'y aura pas de discussions. De quoi allez-vous parler ?

Nous attendons d'avoir la parole du président lui-même, car il y a eu un certain nombre de notes discordantes et parfois contradictoires. Certains ont été très positifs, comme par exemple le président de l'Assemblée nationale, d'autres beaucoup moins, comme le porte-parole du gouvernement. Donc, aujourd'hui nous avons l'impression qu'il n'y a pas de doctrine bien fixe s'agissant de la majorité à Paris, et nous avons l'impression qu'il y a un certain nombre de personnes, que mon allié Gilles Simeoni appelle les "Faucons". En tout cas, ils ne plaident pas pour un règlement de la question corse.

Pourquoi avez-vous choisi de ne pas assister à la cérémonie en hommage au préfet Claude Erignac, assassiné il y a tout juste 20 ans ?

Je m'en suis expliqué dans une tribune écrite, dont tous les mots ont été pesés. Cette tribune, je crois, est équilibrée, respectueuse. J'ai dit, et j'ai affirmé depuis déjà deux ans - car ce n'est pas la première commémoration à laquelle je suis invité -, dès la première minute, j'ai marqué ma compassion pour la mémoire du préfet Érignac, pour sa famille, pour ses proches. Mais j'ai dit que, compte tenu de mon parcours, cette compassion ne pouvait prendre la forme d'une participation à la cérémonie officielle organisée par l'État. D'ailleurs, non seulement ma présence serait déplacée, mais elle ne serait sans doute pas souhaitée par les proches du préfet Érignac.

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