"Dès qu'on a une difficulté, on met du sociétal" : pourquoi Emmanuel Macron privilégie l'IVG et la fin de vie au débat sur les retraites
Annonce de la constitutionnalisation de l'interruption volontaire de grossesse le mercredi 8 mars, discours avant un dîner sur la fin de vie le jeudi 9 mars à l'Élysée et sans oublier des consultations à tout-va sur la réforme des institutions. Emmanuel Macron s'active sur plusieurs chantiers sociétaux. Une façon de noyer le poisson en pleine réforme des retraites ?
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En politique, il s'agit d'une stratégie bien connue, et cela s'appelle ouvrir des contre-feux. L'Élysée répète la même chose depuis des semaines : les retraites ne peuvent pas être "l'alpha et l'omega de l'avenir de la France". "Le rôle du président est de ne pas oublier le reste", traduit un important conseiller. Pourtant, y compris dans son propre camp, certains reprochent ouvertement à Emmanuel Macron de n'être obsédé que par sa quête d'une trace à laisser dans l'histoire.
Une obsession jusqu'à la déconnexion, d'autres y voient surtout une mauvaise manière de tourner la page des retraites après avoir longtemps évité le sujet, pour à tout prix passer à autre chose. "Cela me rappelle la stratégie de François Hollande avec le mariage pour tous, s'agace un compagnon de route, dès qu'on a une difficulté, on met du sociétal." Sa conclusion est très crue et sans ambages : "Les Français s'en foutent complètement."
Un président volontairement insondable ?
Sur la fin de vie, Emmanuel Macron est plutôt gêné aux entournures. Là encore, la stratégie paraît limpide : le chef de l'État écoute et consulte dans l'attente de pouvoir faire son miel. Ce sera encore le cas jeudi soir à table à l'Élysée, avec des représentants des cultes et plusieurs intellectuels. Il y a peu de chances qu'Emmanuel Macron se lance dans de grandes annonces. Principalement parce que la convention citoyenne sur la fin de vie, qu'il a lui-même appelé de ses vœux, n'est pas terminée. Son rapport est d'ailleurs attendu le 2 avril mais le président est-il gêné aux entournures ou volontairement insondable, décidé à prendre son temps, c'est difficile à dire.
Un Emmanuel Macron qui - pourtant élevé chez les jésuites - s'était dit prêt lors de la dernière campagne présidentielle, à une évolution vers le modèle belge, où l'euthanasie est parfaitement légale. En septembre 2022, il promet à Line Renaud une évolution de la loi mais à l'automne, au détour d'un déplacement à Rome, il change de pied et assure au Pape qu'il ne fera pas "n'importe quoi". Là encore, c'est un macroniste qui se désespère : "Sur ce sujet comme d'autres, le président n'a pas de conviction."
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