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Législatives : un suppléant EELV perd son investiture après avoir posé travesti sur une affiche électorale

La candidate Douchka Markovic n'a pas voulu valider cette photo, qui a été diffusée sur les réseaux sociaux par son suppléant. L'investiture de Thierry Schaffauser lui a été retirée par une commission électorale, samedi.

Article rédigé par franceinfo, Licia Meysenq
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Douchka Markovic et Thierry Schaffauser ont posé le 6 mai 2017 pour réaliser une affiche de campagne aux élections législatives. Celle-ci est décriée par une partie d'EELV.  (Thierry Schaffauser / Facebook)

Une affiche de campagne inhabituelle : le militant Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Thierry Schaffauser pose vêtu d'une robe et coiffé d'une perruque au côté de sa titulaire, Douchka Markovic. Un bouledogue, Baby Dutch, complète la photo des deux candidats aux élections législatives dans la 17e circonscription de Paris. 

Selon Thierry Schaffauser, son "audace" vestimentaire lui a coûté son investiture. Elle lui a été retirée après la diffusion de la photo. Pourtant, sa démarche semble, au départ, ne déranger personne, assure-t-il. "J'avais prévenu Douchka que j'allais porter une robe et une perruque lors de la séance, elle ne s'y est pas opposée, raconte ce travailleur du sexe, qui avait choisi cette tenue pour alerter sur les questions de genre et représenter les minorités. Devant le photographe, elle m'a même dit que j'étais très drôle."

Une "fuite" sur les réseaux sociaux

Mais le vent tourne dès que Thierry Schaffauser partage l'image sur les réseaux sociaux. "Personne ne m'a dit qu'il ne fallait pas la poster", se justifie-t-il. Vincent Madeline, directeur de cabinet au sein d'EELV, donne une autre version : "Ces photos ont été mises en ligne sur un serveur réservé aux candidats, pour qu'ils puissent les valider avant leur diffusion, mais pas s'en servir."

Douchka Markovic ne veut pas valider cette photo. "Elle me portait préjudice, je n'aimais pas ce à quoi je ressemblais dessus", explique-t-elle à franceinfo. La militante, adjointe à la mairie du 17e arrondissement de Paris, déplore que son colistier voie tout à travers lui. "Il était satisfait de ce cliché, peu importe si moi je ne l'étais pas." 

"Quatre ou cinq heures après la mise en ligne de cette photo, elle m'a envoyé des textos, reprend Thierry Schaffauser. Elle m'a écrit qu'on risquait de passer en dessous des 5% d'intentions de vote et qu'il fallait refaire la photo." Il est persuadé que sa colistière a subi des pressions extérieures. Selon lui, son militantisme déplaît depuis longtemps à certains cadres du parti. L'affiche de campagne circule sur Twitter, reprise par des membres de l'extrême droite. Douchka Markovic, elle, refuse de parler de "pressions".

Il s'agit plutôt de conseils. Des gens ont vu ma photo et m'ont déconseillé d'en faire une affiche.

Douchka Markovic

à franceinfo

La rupture entre les deux candidats est consommée. Elle écrit au parti le 11 mai pour dénoncer "un suppléant (non validé) incontrôlable et irrespectueux" et présente sa démission. "Je n'avais plus envie de faire campagne avec lui, il m'a trahie", explique-t-elle. Une démission de courte durée. "Je me suis ravisée en me disant que c'était plutôt à lui de partir, car dans cette histoire, la victime c'est moi", ajoute-t-elle

"C'est symptomatique d'un parti en fin de règne"

L'investiture de Thierry Schaffauser lui est retirée par une commission électorale le samedi 13 mai. "On me l'a rapporté, officieusement. Personne ne m’a appelé pour me le dire, ni me donner les raisons de cette éviction", déplore-t-il. "Il y a eu une rupture de confiance entre la candidate titulaire, Douchka, et son suppléant, assure de son côté Vincent Madeline. Il n'existe pas de processus de désignation formelle des suppléants, les titulaires peuvent donc changer jusqu'au dernier moment." Alice Timsit, actuelle cosecrétaire du comité local du 19e arrondissement de Paris, a été investie à sa place. 

Depuis, Thierry Schaffauser ne décolère pas : "Je n’ai pas prévu de quitter le parti, mais ça va être compliqué de continuer à militer en interne après ce scandale." Encarté depuis 2008, il déplore les logiques de son parti : "Je ne pensais pas que cette affiche mignonne diviserait à ce point. C'est symptomatique d'un parti en fin de règne."

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