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Anti-bassines à Sainte-Soline : pourquoi l'exécutif veut à tout prix éviter le scénario de la "ZAD"

Après une manifestation de plusieurs milliers de personnes samedi, et de violents heurts avec les forces de l'ordre, Gérald Darmanin s'est montré particulièrement offensif sur cette occupation de terres dans les Deux-Sèvres. Et ça ne doit rien au hasard.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect - Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Gérald Darmanin, sur le perron de l'Elysée, le 26 octobre 2022. (Ludovic MARIN / AFP)

Et si Sainte-Soline, dans le Deux-Sèvres, devenait la nouvelle Notre-Dame-des-Landes ? Ce lundi 31 octobre, le chapiteau principal est démonté, mais les tours de guets en bois, elles, restent comme un symbole pour "ancrer la lutte" sur le terrain : les opposants aux réserves d'eau à usage agricole dans les Deux-Sèvres ont pris racine à Sainte-Soline au terme de deux jours de mobilisation. 

>> Mégabassine de Sainte-Soline : la préfecture prolonge ses arrêtés interdisant les manifestations et les attroupements

L'ambiance est désormais beaucoup plus calme, loin de celle de la manifestation de plusieurs milliers de personnes samedi, et de violents heurts avec les forces de l'ordre, une partie des militants est restée sur place, à proximité du chantier dont l'accès était interdit par 1.500 gendarmes, du jamais vu dans le département, selon les autorités.

"Les scènes de désordre accompagnent Macron depuis son arrivée au pouvoir"

Chez Europe Écologie - Les Verts, certains envisagent même la création d'une ZAD, une "zone à défendre", comme cela a pu être le cas sur le site de l'aéroport Notre-Dame-des Landes par le passé. De son côté, Gérald Darmanin a affirmé sa "volonté qu'aucune ZAD ne s'installe", annonçant le maintien de plus de 1.000 gendarmes sur place. Et pour cause : le scénario à la Notre-Dame-des-Landes est un scénario que veut à tout prix éviter l'exécutif. 

Une nouvelle ZAD est la hantise d'Emmanuel Macron : "Cela voudrait dire installer le conflit dans la durée, le pourrissement", dit-on au sommet de l'Etat. D'autant que le chef de l'Etat a réussi à faire évacuer cette ZAD historique de Loire-Atlantique, au prix de l'abandon du projet d'aéroport début 2018. Et puis, pour faire simple, il en va aussi de la crédibilité du gouvernement. D'ailleurs, c'est un conseiller de l'exécutif qui le reconnaît sans prendre de pincettes : "Les scènes de désordre accompagnent Macron depuis son arrivée au pouvoir", avant de lister les "gilets jaunes", les manifestations contre les retraites qui ont marqué le premier quinquennat...

C'est donc pour mettre fin à ce scénario qui semble se répéter que Gérald Darmanin maintient plus de 1000 gendarmes à Sainte-Soline, et ce, jusqu'à nouvel ordre. C'est aussi pour cela que le ministre de l'Intérieur prend l'opinion à témoin, dénonçant, par exemple, les cas très précis des 61 policiers blessés, dont une vingtaine sérieusement. C'est aussi, enfin, pour cela que Beauvau a dévoilé une liste des armes utilisées par les manifestants : cocktail molotov, boules de pétanques, mortiers... Une façon de démontrer que la manifestation est tout sauf pacifique.

"Méthode Darmanin"

Reste qu'il y a un terme qui fait débat : le ministre de l'Intérieur a dénoncé "l'écoterrorisme" de certains manifestants après que des militants cagoulés, en bleu de travail et équipés d'une meuleuse, de pelles et de pioches, ont sectionné l'une des canalisations censées alimenter la future réserve, selon eux, parlant de "désobéissance civile" par rapport "à l'urgence climatique, au partage de l'eau".

Mais Gérald Darmanin était conscient : il cherchait un mot pour frapper l'opinion et, bien sûr, créer la controverse. "C'est la méthode Darmanin", explique un conseiller pour qui le ministre de l'Intérieur fait le choix de prendre à témoin les Français? choqués par les images plutôt que d'aller sur le fond du sujet. Quitte à s'aliéner la gauche. Qu'importe pour ce ministre venu des LR : c'est une stratégie assumée, explique-t-on au sein de l'exécutif. "Le segment électoral à conquérir est plus du côté de l'ordre et de la droite que du côté de la Nupes", glisse-t-on. 

Une vision de long terme au risque malgré tout, à court terme, d'éloigner une bonne fois pour toutes les écologistes de l'exécutif. En clair, de ne jamais arriver au moindre consensus sur le moindre texte de loi, alors que le texte sur les énergies renouvelables arrive dans les tous prochains jours au Parlement.

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