Défilé : la communauté africaine entre fierté et impatience
Invitation exceptionnelle. Ce choix de Nicolas Sarkozy a suscité de nombreuses critiques, bien avant que les troupes ne descendent à pied l'avenue la plus célèbre du monde. Certains y ont vu "l'expression d'une nostalgie coloniale". La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) est montée au créneau : "Ce ne serait pas le moindre des paradoxes qu'à l'occasion de la célébration des valeurs de la République, celles-ci soient bafouées par la présence de tortionnaires, dictateurs et autres prédateurs des droits de l'Homme"…
_ Parmi les spectateurs Africains ou d’origine africaine, les avis étaient comme le ciel : partagés, voire orageux…
Pour beaucoup, c’était leur premier défilé. A l’image de Moussa. Il espérait croiser son cousin venu de la République Centrafricaine pour descendre les Champs-Elysées. Il arrivera trop tard. Parmi la petite bande d’étudiants gabonais qui ont fait le déplacement depuis Toulon, cette première est un peu teintée d’amertume. Les mots sont choisis et le ton vibre d’une colère rentrée. A l’image du ciel parisien, dans lequel retentit le tonnerre.
Entre les gouttes, Ghislain Moudsinga confie ne pas être de ceux "qui applaudissent de voir les troupes africaines venir défiler en France. La France continue à avoir les velléités de son passé glorieux, à conserver la mainmise sur ces pays ex colonisés. Il faut tourner la page et traiter d’égal à égal et ne plus avoir des relations de paternalisme comme au bon vieux temps", réclame cet étudiant en droit originaire du Gabon.
Moins d’interventionnisme politique et militaire, une meilleure aide au développement. Sans parler de l’enterrement de la "Françafrique". Ces Africains ou français d’origine africaine rêvent de voire leurs pays s’émanciper vraiment. En 1960, la "zone franc" absorbait 40% des exportations de la France ; ses échanges avec la même zone représentent moins de 2,0% de son commerce extérieur maintenant, souligne l'Elysée. Il y avait 25.000 soldats français en Afrique francophone en 1960. Il y en a maintenant moins de 5.000, dans une poignée de pays - Djibouti, Gabon, Sénégal, Tchad, Côte d'Ivoire. Signe qu’une nouvelle dynamique est en marche ? Le scepticisme domine encore parmi le public...
Caroline Caldier
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