Dans la Sarthe, Mélenchon fustige les grands groupes de l'agroalimentaire
Le leader du Front de gauche est venu défendre la cause des "Candia" du Lude, 190 salariés d'une laiterie menacée de fermeture. Reportage.
C'est un grand sourire qui accueille Jean-Luc Mélenchon à la gare du Mans. Ce mercredi 5 juin, Luc-Marie Faburel, maire Front de gauche de Saint-Longis (Sarthe), tend ses bras à celui qu'il considère comme un modèle. "Je suis le Mélenchon du Nord-Sarthe" glisse-t-il, hilare, au coprésident du Parti de gauche, venu dans la région pour défendre la cause des "Candia". Ces 190 employés de la laiterie du Lude sont menacés par un plan de restructuration, synonyme de fermeture de leur site en 2014, comme le détaille Ouest France. Alors que le monde de l'agroalimentaire subit de nouvelles suppressions d'emplois, notamment Marine Harvest en Bretagne, les employés inquiets attendent avec impatience l'ex-candidat à la présidentielle.
Au Lude, petite ville de 5 000 habitants où la perte de la laiterie est vécue comme une tragédie, on accueille l'homme avec d'autant plus de plaisir qu'il se fait rare dans les usines. "Je ne vais que là où on m'invite", se justifie Jean-Luc Mélenchon, dont le syndicat CFDT local a effectivement sollicité la présence. Il conserve tout de même suffisamment d'expérience de ce genre de déplacements pour s'éviter la photo "blouse blanche-charlotte sur la tête", souvent fatale à la crédibilité d'un politique : la presse n'est pas autorisée à le suivre dans la visite de l'immense installation d'où sortent chaque semaine trois millions de litres de lait et de crème liquide.
"Que la tête d'œuf qui a décidé ça se mette derrière son bureau et écoute"
Après la visite, en revanche, le leader du Front de gauche remercie cette fois les médias de s'être déplacés, alors qu'il prend place sur une rampe installée devant la laiterie où une centaine d'employés, de militants du Parti de gauche et de journalistes l'attendent. Il commence surtout par saluer les salariés du Lude : "Je n'ai vu ici que des machines parfaites et des ouvriers qualifiés. (...) Je ne crois pas un mot des gens qui disent que cette boîte n'est pas rentable. Ce n'est pas vrai !"
Il pointe alors du doigt la grande distribution qui "planifie des prix intenables" et surtout la direction des coopératives Sodiaal-Candia. Car un projet de sauvegarde du site, validé par un cabinet d'expertise comme le détaille L'Usine Nouvelle, est, selon les syndicats, ignoré par les dirigeants du groupe. "Que la tête d'œuf qui a décidé [cette fermeture] se mette derrière son bureau et écoute !" exige Jean-Luc Mélenchon.
"Je crois pas que sa venue va changer grand-chose" estime, dans l'assistance, un jeune apprenti, né dans le coin. Lui, "de toute façon" , compte bien s'exiler à Nantes pour travailler, "parce qu'ici c'est mort". Patrick Corvaisier, délégué du personnel, et élu du Parti de Gauche, croit en revanche que cette visite politique"va booster les salariés", engagés dans un difficile bras de fer avec la direction depuis sept mois : "Le soutien de Mélenchon, ça va surtout participer à mettre la pression sur la direction, en attendant la décision de justice du 18 juin".
"Ça me rend malade"
Descendu de sa rampe, le leader du Front de Gauche se laisse entourer par les micros, qu'il inspecte soigneusement pour savoir "qui est là". Il assume d'ailleurs faire "profiter aux salariés de Candia" de l'intérêt médiatique qu'il provoque. Avant de défendre son credo : "Avec ce genre d'usine performante, je me sens conforté dans mon projet de planification écologique", son concept économique exposé sur le site du Parti de gauche.
Puis il n'oublie pas d'écorcher au passage le gouvernement, alors qu'il se trouve sur les terres de Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, qui n'a pas réussi à trouver de solution pour cette laiterie en péril : "Le Foll ? Il est d'une banalité affligeante. (...) Le gouvernement a une vision archaïque de l'économie, une vision à court terme, destructrice de savoir-faire et de vies humaines. Des situations comme Candia ou Marine Harvest, ça me rend malade, on va le payer très cher."
Attendu pour un meeting à Rennes, Jean-Luc Mélenchon repart du Lude en embrassant les syndicalistes à qui il dit être venu "redonner du courage". Concédant ensuite, à un an des européennes et des municipales, et alors qu'il sillonne la France de Cannes à Toulouse, en passant par Perpignan, qu'il est bien en "campagne permanente".
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