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Comptes publics : les fausses notes du logiciel Chorus

C'est un projet pharaonique : d'ici 2012, Chorus doit remplacer les différents logiciels de comptabilité de quinze ministères et d'une centaine d'établissements publics. Un système informatique unique, lancé en 2008 pour centraliser, rationaliser, moderniser et surtout améliorer la gestion des dépenses et des recettes non fiscales de l’Etat. Mais dans les faits, Chorus accumule les dysfonctionnements.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©REUTERS/Benoit Tessier)

Dès 2009, la commission des Finances de l'Assemblée nationale évoquait son "scepticisme". Tout comme la Cour des Comptes : "Ce qui nous inquiète, c'est le retard, le montant de la dépense et l'outil lui-même". Son rapport annuel de 2011) n'est pas moins tendre et relève :

  • le dépassement des coûts (de 1,1 à 1,3 milliard d'euros)
  • le dépassement des délais (un an de retard minimum)
  • une organisation inefficace de la chaîne de la dépense
  • des aléas techniques dans le développement des programmes informatiques
  • des carences stratégiques dans l’organisation du projet

    Conséquence très concrète : l’Etat n'arrive plus à payer ses fournisseurs dans les temps.
    _ Entre 2009 et 2010, les délais de paiement de l'Etat et des collectivités sont passés de 20 à 27 jours, en raison notamment des difficultés de Chorus.
    Tous ministères confondus, les retards de paiement étaient évalués par Bercy à "6 à 7 milliards d'euros" en 2010, la Défense étant le plus touché (c'est l'un des quatre ministères, avec la Défense, la Justice et l'Education Nationale, dont les programmes sont intégralement gérés par Chorus depuis janvier 2010).

    Mais selon le rapport de la mission d'information sur le contrôle de l'exécution des crédits de défense, les intérêts moratoires liés à ces délais de paiement s'élevaient l'an dernier à plus de 45 millions d'euros. L'équivalent de 40 jours de guerre en Libye...
    _ Certaines PME qui travaillent avec l'armée se retrouvent en difficulté financière, avec des délais de paiement qui peuvent atteindre 13 mois et représenter 10 % de leur chiffre d'affaires.

    Bercy jugeait l'an dernier "très exagérées" les critiques de la Cour des Comptes et assurait que ses impayés seraient réglés avant la fin août 2010. Promesse non tenue. La Cour des Comptes s'apprête d'ailleurs à rendre un nouveau rapport sur Chorus, avant la fin de l'année.

    Isabelle Labeyrie

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