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Commission Cahuzac : les trous de mémoire de l'ancien ministre du Budget

L'ancien ministre du Budget a assuré ce mardi devant la commission d'enquête parlementaire qu'il ne se souvenait pas d'une réunion avec l'exécutif en janvier dernier sur l'ouverture d'une demande d'entraide avec la Suisse concernant son compte en banque. Pierre Moscovici a pourtant assuré que son ancien collègue était bien présent. Une réunion essentielle pour savoir si "une muraille de Chine" a bien été mise en place entre le justiciable Cahuzac et son rôle de ministre.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (LCP)

Nouvel échange tendu entre l'ex-ministre et les députés de la
commission d'enquête parlementaire sur la gestion de l'affaire Cahuzac par le
gouvernement. Au cœur de cette nouvelle audition, qui survient presque un mois après la première : une réunion entre l'ancien
ministre du Budget, le Premier ministre, le président de la République et
Pierre Moscovici à l'issue d'un Conseil des ministres le 16 janvier. 

"Je n'ai aucun souvenir "

"Je n'ai aucun souvenir d'une réunion ou d'un échange
de mots avec les personnes citées
", a lancé Jérôme Cahuzac au début de son
audition. 

Or, d'après les déclarations de Pierre Moscovici, l'ancien
ministre du Budget était bien présent dans "une salle attenante au Conseil
des ministres"
lors de cet "échange de mots ". 

"Vous savez, à l'issue des Conseils des ministres, les
gens sortent par la même porte, les gens parlent. Il est possible que j'ai pu être à deux ou trois mètres de cette discussion. En tout cas, je n'en ai aucun
souvenir
", avance Jérôme Cahuzac. 

Un trou de mémoire qui a profondément agacé plusieurs
députés de la commission d'enquête. Car si la présence ou la participation de
l'ancien ministre du Budget à cette réunion était prouvée, cela remettrait en cause
"la muraille de Chine" que le gouvernement affirme avoir mis en place
autour de Jérôme Cahuzac pendant l'affaire.

"On se fait balader "

"Cette amnésie vous paraît crédible vu l'importance de
cette réunion pour votre propre sort ?
", interroge Charles de Courson,
président de cette commission. Son collègue UMP George Fenech rappelle de son côté
que l'ancien ministre s'expose "à la loi pénale " s'il fait "un
faux témoignage devant cette commission
". "On se fait balader par Jérôme
Cahuzac. Et c'est la deuxième fois
", juge le député Philippe Houillon.

En réponse, Jérôme Cahuzac a accusé le premier de
"manier l'ironie ", le second de "faire des menaces ". Quant
au troisième élu, l'ancien ministre lui a rétorqué : "entre les défaillances
de ma mémoire ou les mensonge assumé, mon histoire récente fait que je sais
bien faire la différence entre les deux.... A aucun moment, il n'y a eu de prise
en défaut de la muraille de Chine. Je n'ai associé à aucun moment à la
procédure d'entraide administrative avec la Suisse.
"

Vers une audition de Jean-Marc Ayrault ?

Quoi qu'il en soit, beaucoup de députés se sont dit frustrés
des réponses de l'ancien ministre. Lors de l'audition, plusieurs élus UMP se
sont prononcés pour la convocation de Jean-Marc Ayrault devant la commission
d'enquête.

"Seul le Premier ministre peut nous dire ce qu'il en
est de cette réunion
", affirme Philippe Houillon. "Jérôme Cahuzac ne se
souvient pas et Pierre Moscovici n'a pas été très clair. Soit on confronte ces
deux derniers devant cette commission, soit on entend le Premier ministre. C'est le seul autre
participant qu'on puisse entendre
", continue le député UMP.

"On aura une réunion de travail pour voir comment on
avance
", lui a répondu le socialiste Alain Claeys, rapporteur de la
commission d'enquête. Les députés de cette commission avaient voté contre l'audition
de Jean-Marc Ayrault la semaine dernière.

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