Comment Marine Le Pen répond à l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy ?
Samedi 18 février à Lille, le Front national a tenu la première journée d'une convention censée lancer sa campagne. Après l'annonce officielle de candidature de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen organise sa riposte sur le terrain des "valeurs". Analyse.
Lille, envoyé spécial - Le grand amphithéâtre du Grand Palais de Lille résonne un peu creux. Il est rempli aux deux tiers. La grande journée est prévue dimanche 19 février avec le discours de Marine Le Pen.
Mais à l'occasion de la première journée de la convention de son parti, samedi, Mme Le Pen a pu roder ses arguments devant les journalistes rencontrés à divers moments de la journée.
"Grosse ficelle"
Comment va-t-elle répondre à l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy sur la question des "valeurs" ? "Tant que Sarkozy n'est pas officiellement candidat, la campagne est congelée", expliquait, avant l'annonce du chef de l'Etat, son directeur de campagne, Louis Aliot.
Avec l'arrivée du dégel, les sondages de Mme Le Pen ne vont-ils pas fondre aux premières douceurs du presque printemps et face à la concurrence du candidat de l'UMP ?
Interrogé sur le tournant "droitier" de la campagne du président de la République, Florian Philippot répond "que le FN s'y attendait". "Il fait cela depuis cinq ans. Mais cette fois-ci, la ficelle est tellement grosse qu'on peut y répondre par un grand éclat de rire. Car il va trop loin", explique M. Philippot.
"On retrouve nos sensations de 2007, mais là il y a un bilan", renchérit Wallerand de Saint-Just, un autre conseiller de la candidate et avocat de son père.
Succession de bon mots
Mme Le Pen doit néanmoins répondre et ne pas se contenter de la simple ironie. "Quand on a un seul clou, toutes les solutions ressemblent à un marteau", plaisante-t-elle devant quelques journalistes à propos des dernieres propositions de M. Sarkozy.
Un peu plus tôt, elle avait moqué "l'appel au peuple" du candidat de l'UMP. "Cinq ans de rupture avec le peuple ne se rattrape pas en huit semaines", assène la présidente du FN . "Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis me direz-vous... Je dirais plutôt qu'il n'y a que les imbéciles pour croire à ce grossier tour de passe-passe", ironise-t-elle une dernière fois.
Nouvelle stratégie ?
Mais sur le fond, n'est-elle pas déportée sur sa droite par les thèmes de campagne du candidat Sarkozy, mettant à mal sa stratégie de porter aussi le débat sur les questions économiques ?
"Il y a une double stratégie", répond Nicolas Bay, porte-parole de Mme Le Pen. "Défensive : montrer son illégitimité sur les questions d'immigration et de sécurité à cause de son bilan. Offensive : développer nos thèmes car on est très à l'aise sur ce terrain", explique-t-il.
"On ne va pas changer de stratégie, mais il peut y avoir des annonces nouvelles", ajoute M. Philippot.
Marine Le Pen s'interroge sur le halal
L'actualité fournit une des ces "nouveautés" à Mme Le Pen. Jeudi, un numéro d'Envoyé Spécial sur France 2 se penchait sur les conditions d'abattage en France.
En Ile-de-France, 100% de la viande pourrait être halal sans que ce soit mentionné aux consommateurs. Mme Le Pen envisage donc d'engager une procédure judiciaire contre les entreprises de grande distribution.
"Si les candidats laissent faire la tromperie sur la viande halal, cela montre leurs vrais visages", déclare t-elle. "C'est aussi une manière de montrer que les Français sont méprisés dans leur propre pays".
Jean-Marie Le Pen cite Brasillach
Mais ce samedi a été aussi . Il a prononcé un discours en début d'après-midi où de façon maladroite, il a déjà donné rendez-vous pour l'échéance suivante de 2017.
Il a également cité un poème de Robert Brasillach, écrivain fusillé à la Libération, sur le thème de l'honneur. "Et alors", rétorque Mme Le Pen : "moi j'aime Charles Baudelaire et je ne suis pas une droguée syphilitique".
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