Christine Lagarde présente un nouveau budget de crise
Un budget qui court après la crise. C'est la quatrième fois que l'Etat doit revoir sa copie depuis le mois de septembre. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde a donc présenté ce matin en conseil des ministres un nouveau collectif budgétaire, destiné à adapter le budget de l'Etat au plongeon de l'économie française.
De mois en mois, les indicateurs virent au rouge. Le recul du produit intérieur brut est désormais estimé à 1,5% (+0,2 à +0,5% dans le budget initial). Et cette correction n'est peut-être pas la dernière. Le FMI et la Commission européenne estiment le repli de la croissance française à 1,8 ou 1,9%.
Le déficit, lui, est révisé à 5,6% de ce PIB, soit 103,8 milliards d'euros. Un chiffre record qui représente le double du déficit initialement prévu (52 milliards d'euros). Cette fois, la France est bien en récession, c'est même la pire depuis la seconde guerre mondiale.
L'aggravation du déficit a plusieurs explications. Premièrement, des rentrées fiscales moins importantes à cause du ralentissement économique. Le premier ministre François Fillon a estimé le manque à gagner à 20 milliards d'euros.
_ A celà s'ajoute le coût des mesures du plan de relance, soit 26 milliards d'euros. Plus la suppression, prévue par le sommet social, des deux tiers provisionnels de l'impôt sur le revenu pour 6 millions de foyers, financée en partie par les intérêts versés par les banques, le reste par l'Etat et la Sécurité sociale. S'y ajoutent les 6,5 milliards de prêts au secteur automobile, ainsi que les aides à la filière bois après la tempête Klaus et à la presse, étalées sur deux ans. Des mesures qui, comme le souligne Luc Châtel, porte-parole du gouvernement, “qui n'ont pas vocation à être pérennisées”, afin de “ne pas déstabiliser durablement les finances publiques”.
“L'équilibre budgétaire s'éloigne” (Fillon)
Des perspectives qui n'enchantent pas la Communauté européenne, qui rappelle la France à son obligation de maintenir les déficits publics sous la barre des 3%, au titre du pacte de stabilité. “L'horizon de l'équilibre budgétaire s'éloigne”, a reconnu François Fillon. La France a officiellement abandonné il y a six mois son objectif de reboucher le trou financier d'ici 2012.
“La France comme l'Allemagne sont déterminées à faire en 2009 et en 2010 de la dépense publique, sans pour autant remettre en cause notre objectif de moyen terme de restaurer les finances publiques de nos pays respectifs”, a expliqué hier Christine Lagarde. Façon de répondre à l'Europe et à certains parlementaires, y compris à droite, inquiets du niveau des déficits, qu'ils devraient prendre leur mal en patience. Mais pour combien de temps ? La ministre elle-même estime que l'économie mondiale mettra des années à se relever de cette conflagration économique, présentée comme la petite sœur de la crise de 1929.
Grégoire Lecalot, avec agences
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