Christine Lagarde prend la tête du Fonds monétaire international
C'est "un honneur et une joie" d'être désignée à la tête du FMI, déclare Christine Lagarde ce soir.
_ A 55 ans, elle devient donc directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), après quatre années passées au ministère de l'Économie et des Finances.
Le conseil d'administration du FMI se réunissait aujourd'hui à Washington pour désigner le successeur de Dominique Strauss-Kahn, inculpé à New York pour tentative de viol et agression sexuelle. Christine Lagarde a été choisi par consensus.
"Le conseil d'administration du Fonds monétaire international a choisi aujourd'hui Christine Lagarde pour assumer les fonctions de directrice générale du FMI et de présidente du conseil d'administration pour un mandat de cinq ans qui commencera le 5 juillet 2011 ", explique le FMI dans un communiqué.
De Bercy au FMI
Christine Lagarde aura passé quatre années au ministère de l'Economie et des Finances, un record. Après des débuts mitigés, elle s'est finalement imposée à Bercy. Elle a secondé Nicolas Sarkozy pendant la crise financière, et pendant les sommets internationaux (présidence française de l'Union européenne et du G20).
Principale ombre au tableau, la menace d'une enquête pour "abus d'autorité" demandée contre elle par le procureur général de la Cour de cassation dans l'affaire Bernard Tapie. Dans cette affaire, Christine Lagarde déclare avoir la "conscience parfaitement tranquille". Une décision sur l'éventuelle ouverture d'une enquête est attendue le 8 juillet, soit trois jours après son entrée en fonction au FMI...
_ Dès son arrivée au FMI, Christine Lagarde devra prendre en charge le lourd dossier de la crise économique en Grèce.
Une victoire pour les femmes
Christine Lagarde devient la première femme à occuper ce poste, comme elle avait été la première femme à occuper celui de ministre de l'Économie et des Finances en France.
Avant elle, dix hommes, dont quatre Français, ont occupé le
poste de directeur général depuis la création du Fonds monétaire
international au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Elle estime ce soir que sa nomination est une victoire pour les femmes. "L'entretien que j'ai passé au conseil du Fonds monétaire
international rassemblait les 24 administrateurs. Il n'y avait pas une seule femme dans le groupe des 24", a-t-elle déclaré. "Et quand je me suis sentie ainsi interrogée pendant trois heures par 24 messieurs, je me suis dit que c'était bien que les choses changent un peu", a-t-elle ajouté.
Réactions
"C'est une victoire pour la France", a aussitôt réagit l'Élysée dans une déclaration. "La présidence française se réjouit qu'une femme accède à
cette importante responsabilité internationale", ajoute-t-il.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a également salué cet "excellent choix", "celui de l'expertise, de l'expérience et du talent".
Enfin, son principal rival pour le poste, le gouverneur de la Banque du Mexique, Agustin Carstens, a aussi salué cette décision, qualifiant la ministre française de "dirigeante très compétente".
Mais tous les commentaires ne sont pas si élogieux. Certains critiquent notamment le mode de nomination. "Ce simulacre de processus de nomination porte préjudice à la crédibilité du FMI. Des rumeurs avaient circulé quant à une certaine ouverture, mais avant que les candidats aient été auditionnés, la décision était déjà prise" déclare Luc Lampriere, directeur de l'ONG Oxfam France.
Clara Beaudoux, avec agences
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