Charles Pasqua "faisait tellement fantasmer qu’il était capable de tout, même de ce qu’il n’aura jamais fait"
"C’est un homme du secret, un homme d’Etat." C'est ainsi que Jean-François Achilli décrit l'homme politique Charles Pasqua, disparu le 29 juin 2015, homme-clef du RPR qui fut deux fois ministre de l'Intérieur. Le journaliste politique et éditorialiste sur franceinfo et LCP vient d'en publier les mémoires.
L’éditorialiste et journaliste politique, Jean-François Achilli était l’invité de la matinale de franceinfo, lundi 26 septembre, pour la sortie de son livre sur Charles Pasqua "Le serment de Bastia", paru ce 21 septembre chez Fayard.
"Nous sommes quasiment sur un siècle d’histoires et il y aura eu tant de marqueurs. Ce qui lui aura collé à la peau c’était l’image d'homme de l’ombre, d’homme du secret, les histoires tordues, le SAC… Il faut se rappeler que le SAC avait été créé pour combattre l’OAS et tout le monde l’a oublié. On lui aura attribué des méfaits, des actions qu’il n’aura pas commises. Il faisait tant fantasmer qu’il était capable de tout, même de ce qu’il n’aura jamais fait", estime Jean-François Achilli.
Le culte du secret
"C’est un homme du secret, c’est un homme d’Etat. C’était un principe de vie. Il a fait la guerre et pour lui, trahir pendant la guerre c’était périr et il aura appliqué ce principe toute sa vie, durant toute sa carrière politique mais pas seulement. Le secret était chevillé au corps quand il s’agissait de respecter, y compris ses adversaires, il savait tout de Mazarine, du cancer de Mitterrand il savait tout", a dit Jean-François Achilli.
L’épisode Malik Oussekine, la blessure de Charles Pasqua
On découvre dans le livre que "l’épisode Malik Oussekine" restera comme une blessure de Charles Pasqua. Il raconte qu’il n’a pas envoyé les "voltigeurs", ces policiers à moto destinés à rétablir l’ordre dans les manifestations. L’histoire montre, qu’en fait, c’est un commissaire qui voulait rentrer chez lui plus vite qui a pris cette décision. Malik Oussekine était un étudiant. Il est mort le 6 décembre 1986, après l’intervention des forces de l’ordre en marge d’une manifestation étudiante.
"C’est un commissaire de police qui s’occupait de la sécurité publique et qui avait une passion pour sa propre fille qui lui disait 'papa rentre à la maison' et au moment où le ministre va se coucher, cet officier de police envoie les 'voltigeurs' en question et Charles Pasqua découvre la mort de Malik Oussekine en se faisant réveiller à 2h du matin. Il aura assumé toute sa vie cette histoire. Et quand je lui ai posé la question : 'Pourquoi n’avoir pas dit la vérité plus tôt ? Parce que vous n’étiez pas au courant', sa réponse a été toute simple, 'quand on est ministre, on assume'. Certains, aujourd'hui, devraient en prendre de la graine", a expliqué Jean François Achilli.
L’inventeur de la primaire
A propos de la primaire à droite, Charles Pasqua estimait "que c'est un processus inévitable dans la vie politique moderne" et il "pensait que seul Nicolas Sarkozy pouvait l’emporter par rapport aux autres", a rapporté Jean-François Achilli.
La petite phrase sur Nicolas Sarkozy
Dans "Le serment de Bastia" Charles Pasqua dit à propos de Nicolas Sarkozy : "Peut-être qu’il n’y arrivera pas en 2017 mais les autres ne font pas le poids. Ils vont tout faire pour le flinguer. Lui aussi éprouvera à ce moment-là, le traitement qu’il a infligé à d’autres" explique Charles Pasqua.
La vérité sur la mort de Malik Oussekine : révélations dans le livre de Jean-François Achilli sur Charles Pasqua https://t.co/rbjgRdXJBp
— franceinfo (@franceinfo) 26 septembre 2016
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