Ce que François Fillon va faire après sa défaite : cinq scénarios, cinq probabilités
Francetv info passe au crible cinq scénarios, plus ou moins probables, pour l'avenir de l'ancien Premier ministre.
PRESIDENCE DE L'UMP – "Je ferai connaître dans les jours qui viennent les formes que prendra pour l'avenir mon engagement politique." En concédant sa défaite face à Jean-François Copé dans la bataille pour la présidence de l'UMP, lundi 19 novembre, François Fillon a subtilement laissé planer le mystère autour de son propre avenir. Il s'est adressé à la presse, mardi soir, à la sortie de son QG de campagne où il était venu saluer son équipe : "Naturellement je reste au sein de ma famille politique, a assuré l'ancien Premier ministre, avant d'ajouter qu'il comptait "mener un projet de redressement national le moment venu."
En attendant que François Fillon dévoile ses intentions, francetv info en profite pour étudier cinq scénarios envisageables… ou pas.
Il quitte la vie politique
PROBABILITÉ : 0%.
Non, François Fillon, à 58 ans, ne va pas déposer les armes. Le scrutin s'est joué à quelques dizaines de voix seulement, sur un total de près de 180 000 votants. Alors quand bien même les sondages lui attribuaient une popularité bien plus élevée que Jean-François Copé, cette défaite n'est pas cinglante.
Hors de question, donc, de s'arrêter là. François Fillon lui-même l'a clairement fait comprendre lundi soir : "Réduire et dépasser la fracture à la fois politique et morale qui traverse notre camp politique est l'objectif que désormais je m'assigne", a-t-il prévenu. Ce qu'a appuyé sa porte-parole, Valérie Pécresse, mardi matin : "Il va s'organiser pour porter haut les idées politiques qui sont les siennes. Il veut peser sur la vie politique du pays, et sur la ligne politique de la droite." De quelle manière ? Selon le député Eric Ciotti, qui était son directeur de campagne, François Fillon devrait le préciser "mardi ou mercredi" de la semaine prochaine.
Il accepte la vice-présidence de l'UMP que lui propose Jean-François Copé
PROBABILITÉ : 0%.
Pour lui permettre de travailler au rassemblement et à l'unité de l'UMP, Jean-François Copé a proposé mardi à François Fillon un poste stratégique au sein de la direction du parti. "Je lui ai laissé un message sur son répondeur pour lui proposer de le voir dès qu'il le souhaiterait, et de lui proposer par exemple d'être vice-président de l'UMP. Ce serait la moindre des choses", a-t-il expliqué.
Une proposition aussitôt qualifiée de "grotesque" par le filloniste Eric Ciotti, et déclinée par l'ancien Premier ministre, selon RTL. "Sincèrement, vous imaginez François Fillon vice-président de Jean-François Copé ? Ce n'est pas très sérieux", s'étonne Eric Ciotti. "Si François Hollande proposait à Nicolas Sarkozy de devenir son Premier ministre, pas sûr que celui-ci accepterait", concède le copéiste Marc-Philippe Daubresse dans une surprenante comparaison.
Il déclare sa candidature à la mairie de Paris en 2014
PROBABILITÉ : 33%.
Son échec à s'emparer de la présidence de l'UMP rebat aussi quelque peu les cartes pour les municipales à Paris de 2014. Alors que son nom était très fréquemment cité, François Fillon avait fait comprendre que ce combat dans la capitale l'intéressait moins que la présidence de l'UMP et, surtout, que la prochaine campagne présidentielle.
Battu, il pourrait finalement accepter de mener ce combat. Car à quinze mois de l'élection, la droite parisienne demeure sans leader. D'autant qu'à Paris, François Fillon l'a nettement emporté sur Jean-François Copé, obtenant 58,5% des voix. "Ce qui démontre qu'il y a une envie de Fillon à Paris. Il y a un rassemblement de beaucoup de Parisiens autour de lui", s'enthousiasme le patron de la fédération, le filloniste Philippe Goujon. "Reprendre Paris aux socialistes serait pour lui un formidable tremplin avant les primaires de 2016", salive un autre proche, qui dit néanmoins douter que François Fillon ait réellement cette volonté.
Il prend ses distances avec l'UMP et réactive son micro-parti politique, "France.9"
PROBABILITÉ : 50%.
Même si Eric Ciotti réfute "toute optique sécessionniste", le député Fillon pourrait aussi prendre ses distances avec l'appareil UMP, désormais voué à la cause de Jean-François Copé. Pour faire entendre sa voix, il pourrait notamment réactiver son micro-parti politique, "France.9". Créée en 2002, cette association – en grande partie financée par l'UMP – pourrait lui servir de lieu d'échanges et de réflexions autour de ses propositions. "François Fillon veut peser au sein de l'UMP, mais pas seulement", appuie l'un de ses plus proches soutiens, le député Jérôme Chartier.
Une hypothèse pour laquelle plaide le député haut-savoyard Lionel Tardy : "Je souhaite que François Fillon s'organise, autour d'une structure propre. Cela permettrait notamment de lever des fonds en vue d'une éventuelle future campagne." Et de préciser sur Twitter que si tel n'était pas le cas, il quitterait l'UMP.
"France.9", qui était en sommeil durant le dernier quinquennat, devrait justement "se réactiver et travailler autour de François Fillon", confirme à francetv info l'ancien député Richard Dell'Agnola, vice-président de l'association. "France.9 compte plusieurs centaines de membres. C'est un cadre qui peut lui servir de support pour la suite."
Il ronge son frein jusqu'à la primaire de l'UMP de 2016, dans l'espoir d'entrer à l'Elysée en 2017
PROBABILITÉ : 75%.
Dernière hypothèse, la plus probable : François Fillon, bien qu'en léger retrait, fait entendre ses convictions, n'hésite pas à marquer ses différences avec Jean-François Copé, et prépare très tôt la campagne pour la primaire de l'UMP de 2016 en vue de la prochaine présidentielle.
"Il est plus que jamais légitime pour 2017. Il a obtenu 50% des voix des militants, et auprès de l'ensemble des électeurs de droite, les sondages montrent qu'il est bien plus populaire que Jean-François Copé", souligne Jérôme Chartier. "Si d'ici à 2017, on ne réussit pas à faire une vague bleue aux différentes élections, Copé sera affaibli. Et si vous voulez savoir vers qui les militants se tourneront, suivez mon regard...", pronostique un autre proche. Lequel ajoute : "Libre à vous de vous demander si on est assez fourbes pour savonner ou non la planche de Copé..."
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