"Obsession du chômage", "amateurisme", "regrets" : ce qu'il faut retenir de l'interview de François Hollande
Pour les deux ans de son élection à l'Elysée, le président de la République était l'invité de la matinale de BFMTV et RMC.
Deux ans après son élection, l'euphorie n'est plus de mise : François Hollande a célébré l'anniversaire du scrutin présidentiel de 2012 avec un nouveau sondage, dans lequel sa cote de popularité enregistre un nouveau record à la baisse. Face à ces mauvais chiffres, le président de la République a choisi de s'exprimer sur BFMTV et RMC, mardi 6 mai, et de répondre aux questions des auditeurs et téléspectateurs.
Francetv info revient sur les principaux points de son intervention.
Le style : à l'écoute des Français
"J'entends les colères, je ne suis pas sourd." François Hollande n'a cessé de le marteler : il se "bat" pour les Français, auxquels il a fait référence tout au long de son intervention. "Ce que j'ai fait, je ne l'ai pas fait pour moi, pour une exhibition personnelle, pour une recherche de popularité, a expliqué le président, au plus bas dans les sondages. Ce que j'ai fait depuis deux ans, je l'ai fait pour la France."
Pour appuyer son discours, François Hollande a accepté de répondre aux questions des auditeurs. Il a dû par exemple faire face à une fonctionnaire territoriale très remontée, qui a expliqué avoir écrit un courrier à l'Elysée, à Matignon et aux "grands médias" pour se plaindre de la pression fiscale. François Hollande lui a promis une réponse.
Le leitmotiv : "Aller plus vite"
"Qu'est-ce je me dis ? Il faut aller encore plus vite." C'est le nouveau mantra de François Hollande, après l'échec des socialistes aux municipales. C'est aussi son regret : ne pas avoir accéléré la cadence sur certains dossiers, notamment sur le mariage pour tous. Pour lui, les Français ont montré par leur vote "qu'ils veulent que ça aille plus vite et plus fort", et "le pays ne peut plus attendre".
Aller plus vite, mais avec une échéance plus lointaine que par le passé. Fini les promesses d'inverser la courbe du chômage en quelques mois, François Hollande "demande à être jugé à la fin du quinquennat", avec une question posée à ce moment-là : "Est-ce que j'ai pu faire avancer le pays ?"
L'anaphore : "Amateurisme ?"
C'est devenu la figure de style du quinquennat de François Hollande : l'anaphore. Le résident de la République a rappelé celle qui avait marqué le débat de l'entre-deux-tours, son "Moi président", assurant avoir respecté ses promesses, comme l'indépendance de la presse ou de la justice.
Le chef de l'Etat a ajouté une nouvelle anaphore à son répertoire sur BFMTV, pour dénoncer les critiques en "amateurisme" faites à son encontre. "Amateurisme quand il s'est agi de sortir de la crise de la zone euro ? Amateurisme quand il s'est agi d'intervenir au Mali quand personne ne le faisait et que le terrorisme était en train de gagner la partie ? Amateurisme quand il s'est agi d'aller en Centrafrique pour éviter un génocide ? Amateurisme sur la crise syrienne quand j'ai été le seul chef d'Etat occidental à dire 'Attention, ce qu'on est en train de laisser faire, c'est un massacre' ?" Avant de conclure : "Je préfère prendre mes responsabilités et être jugé sur mes résultats."
Le dossier : Alstom
François Hollande avait prévenu : "L'Etat a forcément son mot à dire" en cas de rachat d'Alstom, géant industriel français. Au micro de BFMTV, il a maintenu sa position et a ouvertement critiqué l'offre de l'Américain General Electric, qui propose de racheter la branche énergie du groupe.
"Non, [l'offre de General Electric] n'est pas suffisante", a assuré François Hollande. Pas question pour autant pour l'Etat de redevenir actionnaire d'Alstom. "Aujourd'hui, je préfère améliorer les offres" existantes, explique le président, qui estime avoir "suffisamment de moyens de pression" pour aboutir.
"L'obsession" : le chômage
Sur ce dossier épineux, son "obsession", son "combat", il se refuse à parler d'échec : François Hollande n'est "pas encore" parvenu à concrétiser sa promesse d'inverser la courbe du chômage. "Nous l'avons stabilisée, nous ne l'avons pas inversée, alors je me bats." C'est "l'obligation" qu'il dit s'être fixée d'ici la fin de son quinquennat : "Ce sera la preuve que le pays a pu sortir de la crise dans laquelle je l'avais trouvé."
Pas de quoi convaincre une auditrice, licenciée économique à la suite d'une fermeture d'usine, bientôt en fin de droits après deux années au chômage. "[Nous voulons] faire en sorte que ce qu'on appelle déjà une chômeuse de longue durée puisse être accompagnée (...), formée pour un nouvel emploi. Vous dire que vous avez un avenir", lui répond François Hollande. Quand son interlocutrice rétorque que Pôle emploi n'a plus d'argent pour les formations, le président s'engage à se renseigner pour améliorer sa situation.
Le conseil : "Aimez la France !"
Les Français sont-ils trop prompts à l'autoflagellation ? François Hollande semble le penser : "Je me désole que, parfois, c'est en France qu'on dit le plus de mal de nous-mêmes." Il a donc adressé un appel à ses concitoyens : "Parlez de la France", "aimez la France". "On est un grand pays, on a des atouts."
Les regrets : mariage pour tous et pédagogie
"Bien sûr, j'ai des regrets sur ces deux premières années aux responsabilités", a confessé François Hollande. "J'aurais pu aller plus vite", a expliqué le président, citant notamment le texte sur le mariage pour tous : la loi aurait pu être adoptée "dans un délai plus court", selon lui.
Il a également évoqué la manière dont il a abordé "la gravité de la crise" face à ses concitoyens lors de son arrivée au pouvoir. "J'aurais pu alerter les Français davantage sur la situation", a estimé le chef de l'Etat. Avant de préciser qu'il ne devait pas "être dans le regret" mais "dans le rebond". "Je veux des résultats, et ces résultats viendront", a-t-il promis.
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