Cantonales : Fillon se démarque en appelant à voter contre le FN
Devant l'état-major du mouvement réuni à l'Elysée ce matin, Nicolas Sarkozy, a clairement maintenu la ligne officielle annoncée hier soir par le secrétaire général Jean-François Copé.
Pour le président, appeler à voter à gauche face au FN dans les cantons où l'UMP serait absente, reviendrait à envoyer un signal de connivence entre l'UMP et le PS, et “donc à alimenter la campagne anti «UMPS» développée par le FN”. Or “nous n'avons rien à voir avec le PS”, a insisté le chef de l'Etat, selon des membres de l'état-major de son mouvement.
“Il ne faut surtout pas donner l'impression que l'on tire un trait sur un électorat tenté par le FN”, alors même que “le centre de gravité politique du pays s'est déplacé vers la droite”, selon la théorie défendue au sommet de l'Etat et de l'UMP.
Mais le Premier ministre, François Fillon, a clairement appelé les électeurs de la majorité à “voter contre le Front national”.
“Et là où il y a un duel entre le PS et le FN, nous devons d'abord rappeler nos valeurs et rappeler que nos valeurs ne sont pas celles du Front national”, a-t-il souligné devant le bureau politique de l'UMP. “Mais nous n'avons pas à contraindre nos électeurs à mêler leurs voix à celles de l'extrême gauche”.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a joué sa propre partition en prônant “le vote blanc”.
Avant le Premier ministre, plusieurs voix, et non des moindres, tels les ministres Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet, et le président du Sénat Gérard Larcher, ont pris le contre-pied du“ ni-ni” en prônant “à titre personnel” un vote pour le PS face au FN.
Sur le terrain, le président UMP du département des Yvelines, Alain Schmitz, a appelé à soutenir “sans exception” les candidats opposés au FN, présent dans quatre cantons.
_ Chez les centristes, Jean-Louis Borloo a estimé qu'il y a “deux majorités présidentielles”: “celle qui considère que voter PS ou FN c'est indifférent et celle qui prône le Front républicain”. Et ce clivage pourrait poser “des problèmes majeurs à la majorité dans les mois qui viennent”.
“Il est clair que ce «ni-ni» peut effectivement favoriser l'éclosion de candidatures centristes au premier tour de 2012”, situation risquée pour le président avec un FN fort, décrypte un cadre de la majorité.
Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre), et Jean Arthuis (Alliance centriste) et François Bayrou ont surmonté les divisions de la famille centriste pour appeler à tour de rôle à un vote républicain.
L'UMP, tiraillée entre le risque d'accréditer la campagne anti-système du FN en appelant à voter pour le PS et la nécessité d'exclure toute alliance avec le FN, est “un peu piégée”, constate le politologue Gaël Sliman (BVA).
Il y a là “une mauvaise mécanique à l'œuvre à l'UMP et à l'Elysée”. Car “une bonne partie des gains enregistrés par le FN dans les sondages s'expliquent par l'attitude équivoque d'une majorité qui, en allant sur les thèses du FN, tend à le crédibiliser”.
“Même si on a le sentiment que des rapprochements ne sont pas à exclure après 2012”, selon Gaël Sliman, la majorité de sympathisants de droite qui y seraient hostiles pèse encore plus lourd aujourd'hui que “les 40% qui y seraient favorables”.
_ D'où cette “stratégie ambiguë" du "ni, ni”, jugée“ illisible” par
l'électorat. Elle est aussi source de frictions au sein de l'UMP et plus largement de la majorité.
Mikaël Roparz, avec agences
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