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Bayrou 2012 vs Bayrou 2007 : le jeu des différences

François Bayrou, président du Modem, annonce officiellement, mercredi 7 décembre, sa candidature à l'élection présidentielle. Ce sera sa troisième campagne après celles de 2002 et de 2007. Quelles pourraient être les différences en 2012 ? Décryptage.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Bayrou (archives) (FRANK PERRY / AFP)

François Bayrou, président du Modem, annonce officiellement, mercredi 7 décembre, sa candidature à l'élection présidentielle. Ce sera sa troisième campagne après celles de 2002 et de 2007. Quelles pourraient être les différences en 2012 ? Décryptage.

S'appuyer sur ses expériences passées sans se répéter. Ce sera tout l'enjeu de la campagne du centriste François Bayrou. Si la crise de la dette peut confirmer ses intuitions de 2007, il souhaite apparaître comme un candidat qui a changé. Un exercice subtil d'équilibriste.

Le tempérament

En 2007, François Bayrou était un homme en colère. On se souvient de ses coups de gueule réguliers contre TF1, accusée par lui d'avantager le duel entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Ces emportements étaient quelquefois surjoués.

L'objectif était de se débarrasser des accusations de "mollesse" associées aux centristes.

Aujourd'hui, M. Bayrou se déclare "apaisé" dans un entretien au journal gratuit "Direct Matin". "Mais pendant longtemps, je me sentais en guerre contre tout le monde", reconnait-il. Ce changement d'attitude date des élections européennes de 2009. Le mauvais résultat du parti centriste a été attribué au clash entre le président du MoDem et l'écologiste Daniel Cohn-Bendit lors d'une émission de télévision sur France2.

Depuis, M. Bayrou a atténué ses anathèmes, y compris à destination du président de la République.

En 2007, le candidat Bayrou ne détestait pas jouer les messies prophétiques. Aujourd'hui, il se contentera d'apparaître comme un homme sage. "Une élection présidentielle, cela ne s'improvise pas. Pour une telle campagne et une telle fonction, l'expérience est précieuse", explique-t-il au quotidien gratuit.

Le positionnement politique

En 2007, M. Bayrou devait convaincre l'opinion et les observateurs qu'il n'était plus de droite et qu'il n'était pas non plus un "ramasse-voix" pour l'UMP. Logiquement, il a refusé de donner une consigne de vote pour le second tour, faisant éclater l'UDF en deux camps.

Il en payé le prix politique mais a convaincu l'opinion. Selon un sondage LH2 , 42% des Français jugent M. Bayrou proche de François Hollande et 30% dans l'orbite de Nicolas Sarkozy.

Ce sondage explique la contre-attaque de Nadine Morano (UMP) pour qui M. Bayrou est toujours de droite. "Même si on a du mal à cerner son positionnement personnel, son passé et ses prises de positions s'affichent très clairement dans notre famille politique" déclare la ministre de la Formation professionnelle.

Pour 2012, M. Bayrou appelle à une majorité de courage dans un esprit d'union nationale. Mais en septembre, il a annoncé que, cette fois-çi, il donnera une consigne de vote.

Le programme

En 2007, M. Bayrou avait fait des déficits publics l'axe de sa campagne. "Chacun voit maintenant qu'en 2007, j'avais raison", confie t-il. Il doit donc creuser ce sillon... sans se répéter.

En 2007, il ne voulait pas apparaître comme le candidat des promesses vaines. "Je n'ai pas de baguette magique", clamait-il souvent lors de ses déplacements. Cette prudence était qualifiée d'indécision par ses adversaires.

Aujourd'hui, il se donne une méthode de gouvernement avec un calendrier. Dans son livre "Etat d'urgence", vendu à 12 000 exemplaires, il fixe les objectifs de son programme. Bref, il ne souhaite plus être perçu comme simplement l'homme du juste constat mais aussi comme celui qui apporte une solution.

L'entourage

"Il faut que vous soyez autour de moi. Je ne veux pas apparaître comme un homme seul", expliquait -il aux élus UDF lors de la première réunion de l'équipe de campagne en 2007. Depuis, ses députés, ses "bédouins" l'ont quitté.

Le modem, parti qu'il a crée, n'a pas réussi à percer lors des élections locales. Des soutiens comme Jean-Marie Cavada ou Corine Lepage se sont éloignés critiquant sa gestion autocratique du parti.

De cette faiblesse, le candidat Bayrou veut faire une force. Pour 2012, il n' est pas le candidat d'un petit parti, mais l'homme d'un rassemblement d'idées. Depuis la rentrée, il met en avant les ralliements qui s'égrènent au fil des semaines.

Jean Arthuis, Dominique Versini, les anciens ministres UDF Bernard Bosson ou Anne -Marie Idrac et des figures de la société civile comme Jean-François Kahn ou Jean Peyrelevade reviennent.

"Entraîner le pays au sursaut"

Il ne s'agit pas de grands noms spectaculaires, mais de personnes qui le rattachent à la fois à une tradition historique tout en incarnant des positionnements trans-partisans.

En 2007, la bande-son des meetings du candidat Bayrou était le morceau du groupe rock canadien Arcade Fire : Rebellion.

Celle de 2012 n'est pas encore choisie. Mais elle devrait avoir une tonalité moins juvénile sans être angoisssante. Quelquechose entre The Cure et Abba.

"Entraîner le pays au sursaut, c'est une heure de vérité, mais c'est aussi un moment de réalisation dans une vie", conclut M. Bayrou dans les colonnes de "Direct Matin".

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