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Discours d'E. Macron sur les banlieues : "Pourquoi est-ce qu'on n'essaye pas d'écouter ceux qui savent ?"

Emmanuel Macron s'est exprimé mardi 22 mai pendant plus d'une heure et demie à l'Elysée. Le président présentait ses initiatives pour améliorer la vie dans les quartiers défavorisés, près d'un mois après la remise du rapport Borloo.

Article rédigé par franceinfo
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Cité des Mureaux, octobre 2006. (OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP)

Parmi les annonces à retenir, les 30 000 offres de stages proposés par l'État et les entreprises pour les élèves de 3e des quartiers. Mais aussi les "testing" (tests anonymes) auxquels les 120 plus grandes entreprises seraient soumises pour détecter les cas de discrimination à l'embauche.

Invité mardi 22 mai sur franceinfo, Pierre Bédier, président Les Républicains du conseil départemental des Yvelines, se dit déçu : "C'est un peu la douche froide quand on nous dit qu'on ne croit pas à tout ce qui a été fait avant parce que nous, les élus, on sait ce qui marche et ce qui ne marche pas." Pierre Bédier est "dubitatif". Pour lui, la priorité, c'est l'écoute : "On a le sentiment qu'on a un pouvoir qui est dans le 'je sais tout', alors que ce sont des sujets compliqués. Pourquoi est-ce qu'on n'essaye pas d'écouter ceux qui savent ?", questionne-t-il.

franceinfo : Est-ce que les annonces d'Emmanuel Macron sont à la hauteur selon vous ?

Pierre Bédier : Bof... Je ne trouve pas d'autre mot. C'était effectivement très attendu. C'est un peu la douche froide quand on nous dit qu'on ne croit pas à tout ce qui a été fait avant parce que nous, les élus, on sait ce qui marche et ce qui ne marche pas. On a bien compris que dans la nouvelle République de monsieur Macron, on n'aime pas trop écouter les élus. Mais dans une démocratie, on n'a pas encore trouvé mieux. Je suis très dubitatif, d'autant qu'il [Emmanuel Macron] dit qu'il ne fera pas de plan, et que finalement il annonce plein de mesures, dont un certain nombre très secondaires par rapport à ce qu'on espérait.

Quelles sont les mesures qui vont dans le bon sens, selon vous ?

Quand il nous annonce un peu plus de sécurité, de crèches, de tout, on se dit que c'est toujours bon à prendre, il y a tellement de difficultés dans ces quartiers. Mais on voit bien que ce n'est pas à l'échelle. Il nous dit qu'il va remettre 1 200 policiers nationaux dans 60 quartiers comme si ça allait apporter quelque chose. C'est 20 personnes supplémentaires par quartier et avec les horaires 7/7 24h/24, c'est sans doute deux ou trois policiers à temps complet en supplément. Ça ne correspond pas, il vaut mieux une réflexion avec ces communes, une articulation avec les polices municipales. Est-ce qu'il faut continuer à avoir une différence statutaire, une différence d'accès à l'information entre police municipale et nationale ? Est-ce qu'une meilleure coordination ne serait finalement pas moins onéreuse et plus efficace ?

Emmanuel Macron a annoncé pour le mois de juillet un plan de lutte contre le trafic de drogue, est-ce que pour vous cela faisait partie des priorités ?

Au risque de heurter un certain nombre d'auditeurs - je suis marginal dans ma famille politique - je pense qu'il faudrait regarder ce que sont en train de faire les Etats-Unis. Je ne crois pas que la pénalisation du cannabis soit la solution. Le cannabis s'est installé dans notre société, comment peut-on lutter efficacement contre ça ?

Il y avait beaucoup d'attente sur ces annonces, est-ce qu'il y a une forme de déception aujourd'hui ?

Déception, le mot est grand, on n'en est pas là mais on se dit : pourquoi est-ce qu'on essaye pas d'écouter ceux qui savent ? C'est le sentiment des élus de banlieues. Si ça n'était que moi, ce ne serait pas grave, mais parmi ces élus certains sont là depuis 10, 15, 20 ans! C'est vrai qu'ils en ont marre. On a le sentiment qu'il y a un pouvoir qui est dans le "je sais tout", alors que ce sont des sujets compliqués, que chaque quartier a ses spécificités... Encore une fois, la proximité, l'écoute des élus, ça doit pouvoir permettre de mieux réussir que des grands plans, même si on nous explique que ce ne sont pas des grands plans.

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