Affaire Karachi : Takieddine admet un rôle d'intermédiaire avec le Pakistan
Alors qu'il l'avait toujours nié, l'homme d'affaire libanais a revendiqué auprès de l'AFP un "rôle de facilitateur" dans le contrat Agosta, conclu entre la France et le Pakistan en 1994.
AFFAIRE KARACHI - Alors qu'il niait jusqu'à présent tout rôle d'intermédiaire dans le contrat Agosta, Ziad Takkiedine a revendiqué, samedi 15 septembre auprès de l'AFP avoir "joué un rôle de facilitateur dans la conclusion" en 1994 d'un contrat de vente de sous-marins au Pakistan. Cependant, il rejete toute implication dans le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995.
L'aveu de Takieddine
Tous deux mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine mais aussi l'homme d'affaire Abdulrahmane El Assir sont accusés par plusieurs témoins d'avoir été imposés à la dernière minute lors de la signature des contrats Agosta avec le Pakistan, et Sawari II avec l'Arabie Saoudite. S'il avait reconnu son implication dans Sawari II, Takieddine avait toujours nié un quelconque rôle dans Agosta.
Ce qu'il reconnapit finalement aujourd'hui. "Avec le Pakistan, j'ai joué un rôle pour introduire El Assir (son associé, ndlr) auprès des autorités françaises", vient de reconnaître Takieddine. Il revendique donc finalement un rôle de "facilitateur".
Ce que l'on sait du contrat
En septembre 1994, le gouvernement Balladur parvient à vendre des sous-marins à l’Etat pakistanais. Les deux pays signent un contrat d’armement nommé "Agosta", d'un montant de 5,4 milliards de francs (826 millions d’euros). Pour faciliter les négociations, il était d’usage – et légal à l'époque – de verser des commissions à des intermédiaires. La DCN, qui fabrique et vend les sous-marins, fait appel à la Sofma, une société en partie contrôlée par l’Etat, à qui elle verse une commission de 6,25 %.
Mais, au printemps 1994, peu avant la signature définitive, deux intermédiaires supplémentaires apparaissent : El-Assir et Takieddine. Ils seraient imposés par Renaud Donnedieu de Vabres, alors conseiller spécial du ministre de la Défense François Léotard. L'ancien ministre de la Culture l'a d'ailleurs lui-même en partie reconnu. Ces intermédiaires réclament et obtiennent en partie une commission de 4 %, payable dès la conclusion du contrat, une pratique inhabituelle dans ce genre de transactions. C'est la qu'intervient le soupçon de financement occulte de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. Ces commissions inhabituelles auraient-elles pu être reversées à l'entourage de l'homme politique ?
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