Serge Dassault, "un homme de paradoxes" qui "a malheureusement abîmé la démocratie à Corbeil-Essonnes"
Invité de franceinfo, Francis Chouat, le maire socialiste d'Evry (Essonne), salue la mémoire de Serge Dassault, tout en pointant "les paradoxes" de l'industriel.
Serge Dassault était "quelqu'un qui suscitait de l'affection et un certain respect, quelqu'un d'assez simple, et qui peut impressionner par son parcours" selon Francis Chouat, le maire socialiste d'Evry (Essonne), commune voisine de Corbeil-Essonnes où Serge Dassault était élu. Au lendemain de la mort de l'industriel français d'une crise cardiaque à 93 ans, il estime mardi 29 mai sur franceinfo "qu'on est tous un petit peu chose" après cette disparition. "Il était très rusé, dans tous les domaines. Il savait user de toute ses influences."
"C'est très bien qu'il y ait une unanimité dans l'hommage de la France à ce personnage national, estime Francis Chouat en évoquant celui qui fut son adversaire politique. Ce n'est pas une unanimité de façade, c'est sincère."
"C'était un homme de paradoxes, relève Francis Chouat. Il vantait le système chinois en matière de conditions de travail... Mais Serge Dassault a repris de son père un groupe dans la plus belle des traditions du capitalisme gaulliste, et pas du tout dans le système ultra-libéral chinois ! Ses propos ultra-libéraux sur l'économie et hyper-conservateurs sur la société relèvent d'un paradoxe."
Il a "malheureusement abîmé la démocratie"
Le maire socialiste d'Evry, s'interroge sur "la relation à l'argent et la relation de l'argent avec la démocratie" de l'industriel. "Je considère qu'il a malheureusement abîmé la démocratie à Corbeil-Essonnes par un certain nombre de pratiques." Mais il pointe dans ce rapport à l'argent un autre paradoxe de la personnalité de Serge Dassault. Il raconte qu'il y a dix jours encore, l'industriel lui a fait part de son souhait de faire un don personnel – "Et pas un petit don, 2,5 millions d'euros !" – pour financer un amphithéâtre destiné au personnel de centre hospitalier sud-francilien.
Pour Francis Chouat il y avait un troisième paradoxe, sur le plan politique. Serge Dassault était gaulliste, ce qui ne l'a pas empêché de nouer des liens avec le Parti communiste. "Il a voulu, à partir de 1977, bouter les communistes hors de Corbeil-Essonnes, mais pour autant, est-ce que ça efface la relation que la famille Dassault a eu depuis longtemps, depuis les camps de déportation, avec le Parti communiste, avec la CGT ? Combien de fois la CGT du Livre a-t-elle été sauvée par le fait que Serge Dassault, avec ses moyens de presse, et notamment la Socpresse [le groupe qui édite Le Figaro], a permis la parution de titres ?"
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