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Sonné par la défaite, le PS de Villeneuve-sur-Lot accuse Cahuzac

L'ancien homme fort de la circonscription est montré du doigt, tout comme la division de la gauche et les médias, pour expliquer la défaite au premier tour de la législative partielle.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jérôme Cahuzac, le 11 mai 2013 sur le marché de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). (JOELLE FAURE / LA DEPECHE DU MIDI / AFP)

Jérôme Cahuzac, les Verts, la météo et même la politique d'austérité du gouvernement. Lundi 17 juin, au lendemain de la défaite de leur candidat, Bernard Barral, au premier tour de l'élection législative partielle de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne, élus et militants socialistes ne manquent pas de boucs émissaires pour expliquer cette déconvenue. Une défaite qui mène à un second tour entre l'UMP et le Front national.

L'ex-ministre du Budget et ancien député-maire de Villeneuve-sur-Lot, dont la démission a provoqué ce scrutin, est le premier sur le banc des accusés. Il y a quelques mois, le scandale, puis sa candidature avortée avaient déjà semé la zizanie au sein du PS local. Son retrait n'a pas permis de recoller tous les morceaux. "Nous pensions que les militants qui l'avaient soutenu allaient se mobiliser. Or ce n'est pas l'impression que j'ai eue", regrette Barbara Bellanger, secrétaire de la section de Villeneuve-sur-Lot et ancienne attachée parlementaire de Jérôme Cahuzac.

"Cahuzac a fait un travail de sape terrible"

Dans la section voisine des quatre cantons (Villeréal, Monflanquin), la secrétaire de section, qui avait soutenu l'ancien homme fort du département, a décidé purement et simplement de démissionner. "Jérôme Cahuzac a appelé les élus et les militants, il a fait un travail de sape terrible, en appelant par exemple la suppléante de Bernard Barral pour lui dire d’abandonner", accuse Guillaume Molierac, le secrétaire par intérim de la section, qui regrette également l'importance donnée par les médias à l'hypothèse d'une candidature Cahuzac.

D'autres se montrent encore plus sévère avec l'ancien ministre. "Il voulait démontrer que sans lui, point de salut. C'est la politique de la terre brûlée", assène Benoît Dupuy, adjoint à la mairie de Villeneuve-sur-Lot. Le directeur de campagne de Bernard Barral dit avoir la certitude que Jérôme Cahuzac "a, en sous-main, invité à voter pour Anne Carpentier", candidate pour le Parti d'en rire (3,28% des suffrages, 1 078 voix).

"Il nous manque 1 000 voix, elle fait 1 000 voix", abonde Guillaume Molierac, persuadé que cette candidature a été "poussée" par l'ancien ministre. Il rappelle au passage que la journaliste, qui tient l'hebdomadaire satirique La Feuille à Villeneuve-sur-Lot, a été l'une des premières pendant l'affaire à déclarer publiquement qu'il fallait arrêter de tirer sur l'ambulance Cahuzac. Collègue de la candidate au journal satirique, Guy Nanteuil dément. "Si c'est le cas, il l'a fait sans nous prévenir (...) Nous ne l'avons pas eu au téléphone depuis longtemps. Pas de mail non plus", explique-t-il.

"C'est à cause des Verts"

Au sein du PS, certains balayent l'hypothèse d'un sabotage de la campagne de Bernard Barral. "Je n'y crois absolument pas", tranche Daniel Borie, conseiller général PS de Tournon. Pour lui, c'est la faute à l'abstention et à la météo. "Il a fait très chaud aujourd’hui et beaucoup d’électeurs se sont détournés de leur devoir civique, en se déplaçant à la plage, avance-t-il. Cela a profité à ceux qui étaient les plus mobilisés, c'est-à-dire l'opposition."

Benoît, simple militant PS de Villeneuve, ne croit pas non plus à un sabotage de Jérôme Cahuzac. Alors que le PS a échoué à 740 voix du Front national, il pointe les divisions de la gauche. "Certains candidats n’auraient pas dû se présenter, les Verts par exemple, parce qu'ils sont au gouvernement, dénonce-t-il. C’est à cause d’eux, ce sont les 2% qui manquent." Le candidat écologiste, Lionel Feuillas, a récolté 2,78% des suffrages, soit 914 voix.

Le militant socialiste en veut également au gouvernement, dont il doit malgré lui défendre la politique d'austérité au niveau local. "Il y a une politique de gauche à faire autre que l’austérité. Si on perd, c’est aussi à cause de ces choix politiques", regrette-t-il. Alors dimanche prochain, il fera fi des consignes du PS, qui a appelé à faire "barrage" au Front national, et votera blanc. Ou Jérôme Cahuzac, par provocation, pour mettre "un peu la pression" sur son parti.

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