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Affaire Cahuzac : "Moscovici devrait faire une opération transparence à Bercy"

Après les aveux de Jérôme Cahuzac, le ministre de l'Economie doit se défendre des accusations portées par la droite. Décryptage de sa stratégie avec Bastien Millot, spécialiste de la communication politique.

 

Article rédigé par Ilan Caro - Recueilli par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, le 2 avril 2013 à l'Assemblée nationale. (PIERRE VERDY / AFP)

Où s'arrêtera l'affaire Cahuzac ? Dix jours après les aveux de l'ex-ministre du Budget, la crise politique se poursuit. En ligne de mire de l'opposition, le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, que la droite accuse d'avoir voulu protéger Jérôme Cahuzac. Sous le feu des critiques, le ministre tient bon.

Décryptage de sa stratégie de communication avec Bastien Millot, spécialiste de la communication politique, dont le nom avait été cité en 2005 en pleine affaire Gaymard, comme l'explique Libération, pour avoir occupé le logement de fonction de Jean-François Copé. Ce dernier était alors ministre du Budget, et Bastien Millot était son directeur adjoint de cabinet.

Francetv info : La droite a-t-elle fait de Pierre Moscovici l'homme à abattre ?

Bastien Millot : Pierre Moscovici est soumis à une pression médiatique assez hallucinante par rapport à ce qu'ont pu subir d'autres membres du gouvernement. Chaque jour, il est interpellé sur sa gestion de l'affaire Cahuzac, que ce soit par des élus de l'opposition ou par un hebdomadaire fortement marqué à droite. Il y a, de la part de la droite, une volonté de le cibler personnellement pour prolonger l'affaire Cahuzac et en faire une affaire Moscovici. Ces interventions à répétition en font une tête de Turc, le but étant de déstabiliser le gouvernement.

Comment jugez-vous la ligne de défense du ministre ?

Premier bon point : il n'est pas dédaigneux. Devant le feu nourri des attaques, il n'a pas réagi par le mépris. Il répond trois à quatre fois par jour aux questions de l'opposition et ne fuit pas les médias. Contrairement à Jérôme Cahuzac, il est toujours sur le ring, et fait preuve d'un certain panache. Il semble avoir compris que pratiquer la politique de l'autruche aurait été totalement contre-productif.

Sur le fond, le discours du ministre de l'Economie martèle le même message depuis le début de la crise. Il reste cohérent avec les éléments qui sont sortis depuis le début de cette affaire.

Si vous étiez son conseiller en communication, quelle stratégie lui recommanderiez-vous ?

Si j'avais un conseil à lui donner, ce serait de faire davantage de pédagogie sur la manière dont l'affaire Cahuzac a été gérée à Bercy, car l'opinion ne connaît pas le fonctionnement interne du ministère des Finances.

Il aurait intérêt à faire une grande opération transparence, pourquoi pas sous forme de conférence de presse, pour expliquer qui a fait quoi, qui a enquêté sur quoi, qui a demandé quoi à qui...

Vous-même avez été confronté en 2004 à la communication de crise dans l'affaire de l'appartement de Jean-François Copé, alors ministre du Budget. Quelles leçons avez-vous tiré de cet épisode ?

C'est ce que j'ai expliqué dans mon livre (Politiques, pourquoi la com' les tue tous, Flammarion, 2012). En situation de crise, il faut être absolument complet, ne pas garder de zones d'ombre.

Il faut aussi que le discours soit émis par une seule personne, et préparé avec ses conseillers. Abuser des agences de communication extérieures, faire confiance à des hommes de l'ombre qui se targuent de pouvoir influencer les journalistes, peut s'avérer très dangereux. Ça ne marche jamais.

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