S’il avait dû choisir un pion dans sa partie de Monopoly, Bernard Tapie aurait sans doute pris le petit bateau chromé. En 1982, l’homme d’affaires s'offre le Phocéa : un majestueux quatre-mâts, long de 72 mètres. Il se lance six ans plus tard dans une traversée de l’Atlantique et décroche en 1988 le record du monde en monocoque, en tant que passager. Des billets plein les poches, il acquiert aussi, pour 100 millions de francs, un somptueux hôtel particulier dans le cossu quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés.
Avec son teint hâlé et sa chevelure drue, Bernard Tapie incarne le "golden-boy" version années 1980. Sacré personnalité de l’année 1984 par les médias, le quadra plaît aux femmes, qui le considèrent même comme le deuxième "homme le plus séduisant" de France, après Alain Delon.
Dès lors, Bernard Tapie squatte le PAF et crée son mythe. "Champs-Elysées", "7 sur 7", "Le Jeu de la vérité"… Les émissions s’arrachent le patron, dont l'accent de titi parisien et le franc-parler contrastent avec les chefs d’entreprise de l’époque. Sur les plateaux, il parle d’économie, de politique, de chanson française ou de sport. Il fait même un passage remarqué dans l’émission "Gym Tonic", où il se trémousse, en justaucorps rouge, sur le célèbre "toutouyoutou" et donne ses conseils santé.
Son goût pour le sport, Bernard Tapie l’exprime aussi dans les affaires. Il lance l’équipe cycliste La Vie Claire avec Bernard Hinault, qui remporte le maillot jaune en 1985. Sollicité par le maire de Marseille, Gaston Defferre, il rachète en 1986 pour un franc symbolique l’OM, qui végète au pied du classement de la Ligue 1. Sous son impulsion – et grâce aux millions qu’il injecte –, le club recrute de jeunes joueurs prometteurs, parmi lesquels Papin, Cantona et les futurs champions du monde Deschamps, Desailly et Barthez. Surtout, il achète en 1990, pour 1,426 milliard de francs, Adidas, le numéro 1 mondial des articles de sport, alors en perdition. C’est "l’affaire de [sa] vie".