Le suspect de l'assassinat d'Yvan Colonna est resté "mutique" lors de son audition par une juge d'instruction
Franck Elong Abé, le suspect de l'agression mortelle d'Yvan Colonna à la prison d'Arles, a été auditionné vendredi 5 avril par une juge d'instruction, a appris France Bleu RCFM auprès des avocats des parties civiles. Loin du "grand déballage" annoncé, il est resté "mutique" lors de cette audition, qui avait démarré à 14h30, en visio, et s'est terminée vers 16h.
Dans une lettre transmise à la juge d'instruction le 21 février, Franck Elong Abé a changé sa version et a indiqué avoir tué le militant indépendantiste corse sur "commande" d'"agents de la DGSI". Lors de ses premiers interrogatoires, il avait expliqué s'en être pris à Yvan Colonna parce qu'il aurait blasphémé contre le prophète Mahomet. Il avait affirmé avoir "agi seul", "pour le compte d'aucun groupe". Yvan Colonna, qui purgeait de son côté une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sport de la prison d'Arles par cet homme radicalisé. Yvan Colonna était mort un mois plus tard.
Une attitude "méprisante", selon les parties civiles
Lors de son audition, vendredi, Franck Elong Abé est resté "mutique" devant le magistrat et six avocats de parties civiles présents. "Contrairement à ce qu'il avait évoqué et écrit dans son courrier adressé à la juge, où il annonçait un grand déballage, il a fait droit au silence, a déploré sur France Bleu RCFM Me Dominique Paolini, l'un des avocats de la partie civile, à l'issue de cette audition en visioconférence. Il a eu une attitude totalement mutique [...] mais méprisante." Toutefois Me Paolini estime que "ce silence ne signifie pas forcément que tout est bloqué". Selon lui, ce silence peut également être interprété comme une "forme d'explication".
Au moment des faits, Franck Elong Abé était classé détenu particulièrement signalé (DPS) depuis novembre 2015 en raison de sa "grande dangerosité", de "son instabilité" et de "la persistance de son comportement violent", selon des documents d'enquête. Il purgeait alors plusieurs peines, dont une de neuf ans d'emprisonnement pour association de malfaiteurs terroriste. Depuis l'assassinat d'Yvan Colonna, il est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
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