Incidents en Corse : les manifestants sont des jeunes "violents" et "déterminés", témoignent deux représentants de CRS
Les deux policiers, mobilisés depuis plusieurs jours sur place pour gérer les tensions générées par l'agression d'Yvan Colonna, expliquent qu'ils voient les violences "monter en puissance".
"On n'a pas l'impression que ça va s'arrêter rapidement", témoignent jeudi 10 mars sur franceinfo deux CRS mobilisés en Corse depuis plusieurs jours, au lendemain de violents incidents à Bastia, Calvi et Ajaccio. Ces affrontements sont intervenus une semaine après l'agression d'Yvan Colonna par un codétenu jihadiste dans la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône).
Alain Pichaud, délégué du syndicat Unité SGP police de la CRS 59, basée dans le Var, et Gabriel Meier, délégué du syndicat Unsa police de la CRS 36, basée en Moselle, ont vu les tensions "monter en puissance" depuis qu'Yvan Colonna est plongé dans un coma post-anoxique, après avoir été frappé, étranglé et privé d'oxygène par un codétenu radicalisé. Le suspect a été mis en examen pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".
Le "point culminant" atteint mercredi
Jeudi en début d'après-midi, Gabriel Meier, en opération à Ajaccio, affirme que "quelques explosions" se font entendre après une manifestation plutôt calme dans la matinée. "Ça monte tout doucement." Pour l'instant, c'est "plus calme" que mercredi soir. "Ça a été le point culminant car nous étions assaillis par à peu près 300 manifestants" devant la préfecture de Haute-Corse à Bastia, "pendant cinq heures", raconte Alain Pichaud. Mercredi soir, une quarantaine de personnes ont été blessées en Corse, dont 23 CRS à Bastia, Ajaccio et Calvi. Alain Pichaud a lui-même été légèrement blessé au tibia. Les blessures des autres CRS sont des "contusions".
Selon Alain Pichaud, les manifestants avaient des "cocktails Molotov, mortiers d'artifices, boules de pétanques, frondes, billes d'aciers et pavés en tout genre". À Ajaccio, où cinq personnes ont été interpellées, des "fusées" et des "bombes artisanales" ont aussi été utilisées contre les CRS, qui ont "pris des projectiles une bonne partie de la soirée et de la nuit", ajoute Gabriel Meier.
Des slogans contre l'État
Les manifestants sont des jeunes "relativement violents" et "déterminés", qui sont "manipulés politiquement" et "revendiquent une certaine haine envers l'État français", analyse Gabriel Meier, alors que le slogan "État français assassin" est de nouveau crié dans les cortèges et tagué sur les murs. Les soutiens d'Yvan Colonna accusent l'État d'être en partie responsable de son agression, en ayant refusé, notamment, de le transférer à la prison de Borgo, en Corse. Les CRS, les préfectures et le tribunal judiciaire d'Ajaccio incendié sont pris pour cibles car ils représentent l'État, estime-t-il.
Les tensions sont d'ailleurs assez "localisées" devant ces lieux symboliques, assure Alain Pichaud : "On ne peut pas dire que, dans la rue, on ressente une animosité particulière. J'ai souvent pratiqué la Corse dans le cadre professionnel et je me souviens que, dans les années 1980 ou 1990, la tension était palpable. Ce n'est pas du tout le cas actuellement."
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