Accord PS-EELV : nouvelle polémique sur le droit de veto de la France à l'ONU
Un nouveau paragraphe de l'accord conclu entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts à propos du droit de veto de la France à l'ONU suscite des différences d'interprétation dans les deux partis et des critiques à droite.
Après la polémique à propos du paragraphe sur l'avenir de la fillière du MOX, retiré puis réintroduit dans le texte d'accord programmatique PS-EELV pour 2012, c'est un autre passage du même accord qui suscite une polémique et des interrogations dans les deux camps.
En cas de victoire de la gauche, "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global: siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de sécurité, renforcement du rôle des ONG", est-il mentionné dans le paragraphe.
"Poursuivre des idéaux"
"Il n'est pas question de remettre en cause le statut de membre permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, ni le droit de veto tant que le système international n'a pas profondément changé et évolué", a déclaré vendredi Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande.
M. Moscovici a cependant admis : "dans un monde idéal, il serait souhaitable qu'on revienne aux idéaux des fondateurs de l'ONU et à une plus grande démocratie". Rien d'anormal donc, selon lui, à vouloir, "avec les Verts, poursuivre des idéaux et souhaiter des changements de long terme". Mais en attendant, il ne s'agit pas de renoncer unilatéralement à quoi que ce soit, a expliqué en substance l'ancien ministre.
"Privilège dépassé"
La candidate EELV Eva Joly s'est montrée plus tranchée. Selon elle, le droit de veto de la France à l'ONU est "un privilège dépassé, réservé à quelques pays". Elle a proposé "une réforme fondamentale de l'ONU qui redonne toute sa place au multilatéralisme avec un siège européen au Conseil de sécurité qui permette à tous les pays européens de porter une politique étrangère commune".
Même tonalité de la part de la numéro un des Verts, Cécile Duflot, qui a qualifié d'"anachronique" le droit de veto de la France "que d'ailleurs elle n'ose plus utiliser".
"Sortir de l'ambiguïté"
Alors que dès mercredi, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait accusé M. Hollande, d'"organiser l'abaissement de la France", Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a pour sa part "solennellement" demandé de "sortir de l'ambiguïté".
Le président du MoDem François Bayrou, en se déclarant candidat à l'Elysée jeudi soir sur TF1, a quant à lui jugé "infiniment troublant" que l'on veuille gommer "la seule arme qui permette encore à la France d'être au rang des puissances majeures".
"Utopie irresponsable"
Avant lui, le candidat MRC à la présidentielle Jean-Pierre Chevènement s'était vivement inquiété de ce projet. Le député UMP Jacques Myard, l'un des chefs de file de la Droite populaire, a accusé Mme Duflot de se ranger "dans la catégorie des anti-France" et "les alliés de M. Hollande" de faire "preuve de l'utopie la plus irresponsable".
Le Parti communiste a rappelé lui qu'il "s'opposait fermement à l'idée d'un abandon unilatéral par la France de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité" de l'ONU, "au profit de l'Union européenne", tout en plaidant pour "une réforme d'ensemble de l'ONU".
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