A qui profite la guerre à l'UMP?
Dimanche, sur fond d'accusations réciproques de fraudes, Jean-François Copé et François Fillon proclamaient successivement leur victoire à la présidence de l'UMP devant la presse. Alors que l'UMP a toujours eu un chef à forte légitimité et
que l'ombre de l'échec du congrès de Reims socialiste de 2008 plane désormais
sur le parti, le duel peu glorieux qu'offrent les deux adversaires aux
militants en particulier et à la France en général pourrait faire des heureux. Ou,
au moins, des satisfaits en secret.
François Hollande . Le premier d'entre eux pourrait être François Hollande :
le président a en face de lui une opposition morcelée, et donc affaiblie. La
crise économique sévit et son gouvernement, en particulier son Premier
ministre, sont contestés : l'échec de l'élection à l'UMP est pour lui un
bol d'air, ou au moins un répit dans la tourmente. Cela explique probablement
le silence de François Hollande et du Parti socialiste : tous assistent
en spectateurs ravis. Mais sans commenter : le souvenir du congrès de
Reims n'est pas loin, il s'agit donc de se ménager de la...hauteur. Comme pour
mieux appuyer la descente aux enfers de l'opposition.
Les centristes de l'UDI. Viennent ensuite les centristes de l'UDI, que certains,
proches de l'aile gauche de l'UMP et donc particulièrement hostiles à la "droitisation "
du discours Copé, pourraient être tentés de rejoindre : Jean-Louis Borloo,
si Jean-François Copé était élu, les accueillerait à bras ouvert. En outre, la
victoire copéiste révèlerait un déficit dans l'offre politique de centre droit
que l'UMP ne serait donc plus capable de satisfaire.
Le Front National. A la droite de la droite, il est probable que d'autres se
frottent les mains. Parmi eux, le Front national, qui pourra une nouvelle fois
prouver par l'exemple la crédibilité de son discours anti-système. "J'ai
une pensée ce soir pour les adhérents, pour les militants, pour les
sympathisants de ce parti. Je leur dis : vous voyez, on vous avait prévenu,
Marine Le Pen vous avait dit 'ne participez pas à cette mascarade '", déclarait
Florian Philippot, interrogé sur le sujet. Le vice-président du Front national
estimant qu'un "parti aussi fracturé ",
sans chef ni "leader ", ne pourrait avoir "la capacité de
peser face au gouvernement socialiste " et donc d'incarner une autre voix.
Sous-entendu : que le Front pourrait porter... Ce serait d'ailleurs encore
plus le cas si François Fillon venait à être élu : certains copéistes pourraient
alors voir dans Marine Le Pen une alternative à la droite décomplexée
revendiquée par le candidat Copé.
Nicolas Sarkozy. Enfin, les scores très rapprochés de François Fillon et
Jean-François Copé laissent penser que l'UMP n'a pas trouvé son leader, alors même
que la formation s'est toujours dotée d'un chef rassembleur qui pouvait s'asseoir
sur une légitimité forte. Peut-être, alors, que la division en son sein révèle
le sentiment que Nicolas Sarkozy pourrait s'être absenté des affaires un peu
trop longtemps... Peut-être apparaitra-t-il donc comme le seul qui puisse
remettre la formation en bon ordre avant l'élection présidentielle de 2017.
Encore faudrait-il que l'enquête menée sur sa personne à Bordeaux dans le cadre
de l'affaire Bettencourt ne l'écorche pas. Ni que l'UMP soit ébranlée au point
qu'elle ne puisse redevenir la machine qui l'avait mené à la présidence en
2007.
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