2012 : "L'année de tous les risques mais aussi de toutes les possibilités" - Nicolas Sarkozy
La crise n'est "pas
terminée " mais il y a "des raisons d'espérer ". C'est le message
de Nicolas Sarkozy aux Français, ce soir, pour la traditionnelle
cérémonie des vœux présidentiels. Pour la dernière de son quinquennat, le président
de la République s'est dit prêt à relever tous les défis pour résoudre la crise
économique et financière.
"Nous devons être courageux, nous devons être lucides. Ce qui se passe dans le monde, annonce que l’année 2012 sera celle de tous les risques mais aussi de toutes les possibilités. De toutes les espérances, si nous savons relever les défis. De tous les dangers, si nous restons immobiles ", a déclaré le président de la République.
S'il a exclu un troisième plan de rigueur,
il a promis de prendre
des "décisions importantes " après le sommet social du 18 janvier
prochain. Le Président veut donner la priorité absolue à la lutte contre le
chômage, alors que les derniers chiffres de l'emploi sont les plus mauvais
depuis douze ans.
Le texte intégral des voeux du président de la République :
"Mes
Chers Compatriotes,
L’année
2011 s’achève. Elle aura connu bien des bouleversements.
Depuis
le début de la crise, qui en trois ans a conduit à plusieurs reprises
l’économie mondiale au bord de l’effondrement, je ne vous ai jamais dissimulé
la vérité sur sa gravité, ni sur les conséquences qu’elle pouvait avoir sur
l’emploi et sur le pouvoir d’achat.
Cette
crise qui sanctionne 30 années de désordres planétaires dans l’économie, le
commerce, la finance, la monnaie, cette crise inouïe, sans doute la plus grave
depuis la deuxième guerre mondiale, cette crise n’est pas terminée.
Elle
a entraîné dans la tourmente des pays comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal, mais
également des pays aussi puissants que l’Espagne et même l’Italie.
Dans
la tempête, vous avez souffert. Je sais que la vie de beaucoup d’entre vous
déjà éprouvée par deux années difficiles a été une fois encore durement mise à
l’épreuve. Vous finissez l’année plus inquiets pour vous et pour vos enfants.
Et
pourtant il y a des raisons d’espérer. Nous devons, nous pouvons garder confiance dans l’avenir.
Car si tant de pays ont connu des difficultés insurmontables, la France a tenu.
Elle a résisté.
Si
elle a tenu, si elle a résisté, si elle a réussi jusqu’à présent, à conjurer le
doute qui déclenche la crise de confiance, c’est grâce au courage et au sang-froid
dont vous faites preuve depuis 3 ans, c’est grâce à la solidité de nos institutions,
c’est grâce à notre protection sociale, qui garantit la solidarité dans
l’épreuve, c’est grâce aux réformes que nous avons accomplies ces dernières
années. Je pense notamment à la réforme des retraites et à toutes les mesures
visant à diminuer nos dépenses publiques qui ont permis à la France de garder
la confiance de ceux qui lui prêtent leur épargne pour financer son économie.
Il
ne s’agit pas de nier les difficultés que nous traversons. Mais dans ces
épreuves, la France a su préserver l’essentiel. Je tiens à rendre un hommage
particulier à toutes celles et à tous ceux d’entre vous qui par leur travail
ont contribué au développement de notre économie.
Mes
chers compatriotes,
Nous
devons être courageux, nous devons être lucides.
Ce
qui se passe dans le monde, annonce que l’année 2012 sera celle de tous les
risques mais aussi de toutes les possibilités. De toutes les espérances, si
nous savons relever les défis. De tous les dangers, si nous restons immobiles.
Différer
les choix parce qu’ils sont difficiles est la pire des options. Quand on décide
trop tard, le prix à payer est plus cher. Les souffrances plus grandes.
En
2012, le destin de la France peut une fois encore basculer.
Sortir
de la crise, construire un nouveau modèle de croissance, faire naître une
nouvelle Europe, voilà quelques-uns des défis qui nous attendent. Je veux vous
dire ma conviction qu’unis avec nos partenaires européens, nous serons plus
forts pour y faire face.
Mais
ces défis, ils s’imposent à nous. Nous ne pouvons ni les refuser, ni les
repousser. Nous ne pouvons ignorer ce nouveau monde.
Dans
cinq mois, nous avons une élection présidentielle. C’est une échéance
importante. Le moment venu, vous ferez votre choix. Mais d’ici là, je dois
continuer à agir car l’histoire des décennies à venir s’écrit maintenant.
Avec
le Premier ministre, nous réunirons le 18 janvier prochain, les représentants
des forces économiques et sociales de notre pays. J’écouterai les propositions
de chacun et, avant la fin du mois de janvier, nous prendrons et nous
assumerons des décisions importantes, car les enjeux sont cruciaux.
La
crise est grave, les circonstances sont exceptionnelles, les décisions doivent
être à la mesure de cette gravité. C’est un devoir auquel je ne me déroberai
pas.
Je
ne sous-estime pas les conséquences que peuvent avoir sur notre économie les
agences de notation et les emballements des marchés financiers, ni non plus nos
erreurs passées mais je le dis pour que chacun l’entende, ce ne sont ni les
marchés, ni les agences qui feront la politique de la France.
Au
fond, la seule façon de préserver notre souveraineté, de maîtriser notre destin
est de choisir, comme nous l’avons fait jusqu’à présent la voie des réformes
structurelles plutôt que celle des réactions à chaud qui ne font qu’ajouter à
la confusion et au désordre sans restaurer la confiance.
Le
problème posé n’est pas celui d’un nouveau train de réduction des dépenses pour
l’année qui vient. Ce qui devait être fait a été fait par le Gouvernement.
Maintenant,
il nous faut travailler en priorité pour la croissance, pour la compétitivité,
pour la ré-industrialisation qui seules, nous permettront de créer des emplois
et du pouvoir d’achat.
Trois
sujets me paraissent dominer les autres.
Nous
ne nous en sortirons pas en laissant de côté ceux qui souffrent déjà des
conséquences douloureuses d’une crise dont ils ne sont pas responsables. Nous
ne bâtirons pas notre compétitivité sur l’exclusion mais sur notre capacité à
donner à chacun une place dans la Nation. C’est pourquoi, ceux qui ont perdu
leur emploi doivent être l’objet de toute notre attention.
Nous
devons changer notre regard sur le chômage. Faire en sorte que la formation des
chômeurs devienne la priorité absolue, afin que chacun puisse se reconstruire
un avenir. Former et pas seulement indemniser, tel doit être notre but.
Personne ne doit pouvoir s’exonérer de cette obligation ni être exclu de cette
possibilité.
Le
deuxième sujet est celui du financement de notre protection sociale qui ne peut
plus reposer principalement sur le travail, si facilement délocalisable. Il
faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les
importations qui font concurrence à nos produits avec de la main d’œuvre à bon
marché. Ce sujet est au cœur de tous les débats depuis des années. J’écouterai
les propositions des partenaires sociaux puis nous déciderons.
Le
troisième sujet, c’est celui des dérèglements de la finance qui vous choquent
d’autant plus profondément qu’ils sont largement à l’origine des difficultés
actuelles.
Il
faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a
provoqués. C’est une question d’efficacité. C’est une question de justice.
C’est une question de morale. La taxe sur les transactions financières doit
être mise en œuvre.
Mes
chers compatriotes,
Mon
devoir est de faire face et de vous protéger.
Vous
pouvez être sûrs que j’assumerai jusqu’au bout et en totalité, les lourdes
responsabilités que vous m’avez confiées et que je n’aurai de cesse d’agir au
nom de l’intérêt général.
Chacun
devra prendre ses responsabilités, c’est pourquoi j’appelle tous les décideurs
des entreprises et de l’économie à tout faire pour préserver l’emploi.
J’appelle tous les acteurs des services publics à redoubler de prévenance pour
tous ceux qui ont besoin de notre solidarité.
Mes
chers compatriotes,
J’ai
confiance dans les forces de la France.
Je
suis certain du chemin qu’il nous faut suivre.
A
vous, à tous ceux qui vous sont chers, à nos soldats qui risquent leur vie hors
de nos frontières, à leurs familles qui vivent dans l’anxiété et à tous ceux
qui dans le monde luttent pour la liberté, j’adresse ce soir tous mes vœux de
bonheur pour la nouvelle année.
Bonne
année à tous.
Vive
la République !
Et
vive la France !"
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