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Congo : juger l'histoire coloniale ?

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Article rédigé par franceinfo
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La Justice peut-elle trancher sur l'Histoire ? La question n'est pas nouvelle, mais elle ressurgit après la plainte déposée contre l'Etat par le Conseil représentatif des associations noires. Elle concerne un immense chantier des années 20: la construction d'une ligne de chemin de fer traversant le Congo. Il y aurait eu recours au travail forcé. Peut-on juger presque 100 ans après ou bien y a-t-il risque d'anachronisme.

C'est une grande oeuvre coloniale française qui devrait aboutir. La jonction Brazzaville-Pointe-Noire.

Un chantier gigantesque, sans précédent au Congo. 100.000 ouvriers Congolais ou venus d'autres colonies françaises pour la construction d'une voie ferrée de 610 km, reliant Brazzaville à l'océan. Ce qu'oublient les actualités en 1934, c'est que cette oeuvre coloniale a sa part d'ombre. Tous les ouvriers du chantier sont des travailleurs forcés. Les 13 années de construction de la ligne ont coûté la vie à 17.000 d'entre eux. C'est pour sortir cette hécatombe de l'oubli qu'une association vient d'assigner devant le Tribunal de grande instance de Paris la société de construction des Batignolles et l'Etat français, pour crime contre l'humanité.

Après l'abolition de l'esclavage en 1848, on a institué des travaux forcés pour les indigènes de l'Afrique et de l'Indochine. Ces travaux forcés se distinguaient fort mal de l'esclavage. sont tous des civils n'ayant fait l'objet d'aucune condamnation. Sans salaire, sous alimentés. Ils effectuent des travaux de terrassement a la main. 57 % des travailleurs forcés meurent de maladie et d'épuisement. Peut-on parler de crime contre l'humanité ? Les tribunaux peuvent-ils juger l'Histoire ? Les deux historiens que nous avons rencontrés sont partagés.

Je ne sais pas si les tribunaux sont les mieux armés pour le faire. Ils ont l'arme pénale qui qualifie des situations où il y a des bourreaux d'un côté et des victimes de l'autre. Qui reconstruit l'Histoire à sa manière, entraîne des catégories différentes selon qu'on est du côté des bourreaux ou des victimes. Je crains qu'il y ait une lecture simplifiée de l'Histoire.

On ne peut absolument pas faire table rase du passé. Ce que l'on vit dans le contemporain est issu d'évènements historiques. Les tribunaux ont ce rôle, une façon de déployer la question.

La procédure contre l'Etat a peu de chance d'aboutir, celle contre la société de construction un peu plus. Le but des plaignants est de faire parler de cette page méconnue de notre histoire coloniale.

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