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Cinéma : "Lumière ! L’aventure commence" de Thierry Frémaux, en DVD, le 4 octobre

Une aventure du cinéma mise en lumière par Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Lumière ! L'aventure commence (Institut Lumière)

En 1895, les frères Lumière inventent le Cinématographe et tournent parmi les tous premiers films de l’histoire du cinéma. Mise en scène, travelling, trucage ou remake, ils inventent aussi l’art de filmer.

Chefs-d’œuvre mondialement célèbres ou pépites méconnues, une centaine de films restaurés composent ce retour aux origines du cinéma.
Ces images inoubliables sont un regard unique sur la France et le Monde qui s’ouvrent au 20ème siècle.

Extrait d’un entretien avec Thierry Frémaux

Philippe Rouyer : Quelle est l’origine du film ? Cette idée de mettre ensemble les films Lumière ?

Thierry Frémaux : L’origine de Lumière !, c’est le désir que les films réalisés avec un Cinématographe retrouvent les salles de projection et le public. Au départ, une " vue Lumière ", c’est cinquante secondes. La séance Lumière type, c’était une dizaine de films, soit environ une demi-heure, le temps de recharger l’appareil. Globalement, ces films n’ont jamais été montrés ailleurs que dans les salles de Cinématographe de l’époque. Il y eut des projections événementielles, des hommages, le centenaire de 1995, mais il fallait trouver un moyen de les projeter désormais sur grand écran, et les rendre accessibles à tous. Il fallait donc fabriquer un long métrage, tel qu’on l’entend aujourd’hui, et rendre possible des projections commerciales. Faire "un" film Lumière avec "des" films Lumière.

A quand remonte la genèse de ce film ?

D’abord à 1982, lors de la conférence de presse qui annonçait la création de l’Institut Lumière, à Lyon, où j’ai découvert La Sortie des usines Lumière. J’étais dans la salle et j’ai vu le premier film, pour la première fois. J’en suis immédiatement tombé amoureux. C’est très beau quand vous êtes cinéphile et que vous découvrez le premier film. C’est à partir de ce moment que je me suis demandé comment montrer ces films Lumière et que l’idée d’en faire un long métrage a germé. Bertrand Tavernier, qui est Président de l’Institut Lumière, et deux collaborateurs proches, Maelle Arnaud et Fabrice Calzettoni, m’ont incité à le faire. Je l’ai conçu d’abord comme un événement, avec un commentaire live, et je l’ai montré beaucoup à travers le monde depuis vingt ans. Ces dernières années, nous avons décidé de penser à une sortie en salle, qui est la seule légitimité, et de repenser musique et commentaires.

Sur les presque 1500 films Lumière, vous n’en avez gardé qu’une centaine. Comment avez-vous fait votre choix ?

Par importance et par préférence. Il y avait les plus fameux, qu’on ne pouvait pas ne pas inclure. Et puis des films qui disent l’éventail de la filmographie Lumière. Nous les avons donc séparés en thèmes et en chapitres : "La France qui travaille", "La France qui s’amuse", "Enfances", "Paris 1900", "Lyon, ville des Lumière", "Le monde tout proche"... J’ai également inclus des comédies : il faut briser le double cliché selon lequel Lumière était le Monsieur Jourdain du cinéma, qui en faisait sans s’en rendre compte, sans y croire. Comment penser qu’un homme qui réalise ou produit 1500 films ne le fait pas en conscience ? Autre cliché : Lumière est le documentaire et Méliès la fiction. Lumière a fait du cinéma comme Bresson, Kiarostami ou même Kéchiche. Et sur chaque film, lui et ses opérateurs se posent les mêmes questions qu’un cinéaste d’aujourd’hui : je mets la caméra où ? Je filme quoi ? Et comment ?

Avez-vous des regrets, des films que vous n’avez pas pu intégrer dans votre montage et que vous regrettez ?

Oui, mais nous ferons un deuxième film ! Il reste en effet beaucoup de choses à montrer : des films merveilleux, des films autochromes, c’est-à-dire les premiers films en couleurs (et non pas coloriés), des films en relief, La Brûleuse d’herbe le seul film tourné par Auguste Lumière, les films avec le clown Chocolat que Roschdy Zem a glissé à la fin de son propre film… Cette suite portera encore beaucoup autour des questions du cinéma présent dans le travail de Lumière, de la façon dont il anticipe volontairement ou non sur ce que deviendra le cinéma.

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