Yaïr Lapid, le journaliste vedette devenu le 2e homme fort d'Israël
Les sondages les plus optimistes lui donnaient 10, peut-être 12 sièges à la
Knesset. Après résultats définitifs, Yaïr
Lapid et son parti Yesh Atid en ont obtenu 19 et terminent deuxièmes des
élections législatives israéliennes du 22 janvier.
A 49 ans, l'ex-journaliste pourrait même prétendre, comme l'écrit le quotidien israélien Ha'aretz, (article payant) "être à la tête du gouvernement ".
Un résultat d'autant plus surprenant que c'était la première élection à laquelle participait
Yaïr Lapid, le "George Clooney israélien", comme le surnomme
les médias hébreux. Novice en politique, mais pas inconnu en Israël.
Fils de ministre
Si Yaïr Lapid ne s'est pas encore fait sa
propre expérience en politique, il a en tête celle de son père. Car avant Yaïr,
il y a eu Yossef, dit "Tommy". Le père de Yaïr, a occupé la
fonction de ministre de la justice au début des années 2000. Comme son fils après lui, "Tommy", était un journaliste reconverti en homme
politique. Comme son fils après lui, "Tommy" a crée un parti, le
Shinouï, qui a réalisé une percée lors des législatives et a obtenu
15 sièges. C'était en 2003. Le parti de Yossef "Tommy" Lapid
était très hostile aux ultra-orthodoxes.
Une ex-vedette de la télé
Le quotidien israélien, Jerusalem Post ,
publie en une de son site, une interview de Yaïr Lapid, réalisée une semaine
avant l'élection. Dans un appartement cossu d'un quartier chic de Tel Aviv, l'ancien journaliste,
devenu homme politique il y a un an, explique qu'il "espère " que sa
célébrité ait un impact sur sa campagne. On peut affirmer aujourd'hui que c'est le
cas, mais attention, "après quelques mois [au pouvoir] si vous n'avez pas
de bonnes idées et les capacités d'agir, ça ne marchera pas ", avait-il
prévenu.
Son entrée en politique a été rapide et
fracassante. Un soir de janvier 2012, il annonce qu'il quitte son poste de
présentateur du grand journal de la seconde chaîne israélienne. Il quitte le
monde de la télé pour une autre scène. Le déclic ? Les manifestations
géantes qui ont touché Israël durant l'été 2011. Des centaines de milliers de
personnes dans les rues pour dénoncer, notamment, la hausse des prix du
logement. Yaïr Lapid décide alors de devenir leur porte-parole, le défenseur
des classes moyennes. Il lance son parti Yesh Atid, "il y a un avenir".
Centriste et légèrement populiste
Yaïr Lapid décrit son parti Yesh Atid, comme un parti "du centre-centre ".
Qui ne penche pas à droite, et qui ne penche pas à gauche, "nous sommes le
parti des classes moyennes israéliennes ", a-t-il déclaré au Jerusalem
Post .
Dans la ligne de mire de Yaïr, comme dans celle de son père, aujourd'hui
décédé : les ultra-orthodoxes (qui sont exemptés d'armée et d'impôts). Si "Tommy"
Lapid les avait a complètement exclus des débats, Yaïr est plus consensuel.
Pour plaire aux classes moyennes, il dit incarner ces contribuables "qui
ne peuvent pas offrir un appartement à leurs enfants parce que le fardeau n'est
pas réparti équitablement avec les autres secteurs de la société ". Il
demande donc que tout le monde serve dans l'armée, sans exception. Mais pour ne
pas se mettre à dos les religieux, il a embarqué dans son parti un élu
ultra-orthodoxe. Et pour montrer qu'il accueille tous ceux qui le veulent, Yesh
Atid compte également un élu druze, deux députés d'origine éthiopienne, une
handicapée et un ex-patron du Shin Beth, le service de sécurité intérieur.
Après la question des ultra-orthodoxes, le deuxième argument
fort de la campagne de Yaïr Lapid est la reprise des négociations avec les
Palestiniens. Le leader veut parvenir à un "divorce" à l'amiable. "Quiconque veut faire entrer Yesh Atid dans une coalition doit prendre en compte ces deux
chose s", a rappelé mercredi Ofer Shelah, membre influent de la formation,
au micro de la radio militaire.
L'effet d'un soufflé ?
Au lendemain de ces résultats, la presse
israélienne s'interroge tout de même sur les capacités politiques de Yaïr
Lapid. "La victoire de Yaïr Lapid est la victoire de la politique moderne,
celle de la politique d'Internet et de
la télé-réalité ", estime Yossi Verter, analyste politique
de Haaretz. "Il est sans aucun doute sympa et plein de bonnes intentions.
Mais son expérience se résume à présenter des émissions de télévision et à
écrire des scénarios et des éditoriaux ".
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