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WikiLeaks : le soldat Bradley Manning s'explique pour la première fois

Il était devenu la "taupe" de WikiLeaks, en transmettant des milliers de documents militaires américains. Pour la première fois jeudi, le soldat Bradley Manning a exposé ses motivations. Il voulait "provoquer un débat public", a-t-il dit, lors d'une audience préliminaire à son procès qui doit débuter en juin.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (SIPA/Patrick Semansky Autre)

Il a été à l'origine d'une des plus importantes fuites de documents confidentiels de l'histoire américaine. Le soldat de 25 ans souhaitait "provoquer un débat public sur nos forces armées et notre politique étrangère en général ", a-t-il déclaré jeudi. 

Lors d'une audience préliminaire à son procès qui doit démarrer début juin, Bradley Manning a lu pendant plus d'une heure une déclaration rédigée en prison. Il y a exposé pour la première fois ses motivations.

Il dénonce l'"exquise soif de sang" de l'armée

L'ex-analyste de renseignement en Irak, arrêté à Bagdad en 2010, s'est présenté comme un passionné de géopolitique et de technologies de l'information. Engagé à 20 ans, il a expliqué qu'il s'était peu à peu retrouvé en porte-à-faux avec une armée qui "ne semblait pas accorder de valeur à la vie  humaine ". 

"Plus je tentais de bien faire mon travail, plus je sentais que je  m'aliénais mes pairs ", a-t-il expliqué. Il décrit une "exquise soif de sang ", après la bavure commise par un hélicoptère de combat contre des civils en Irak en juillet 2007, dont il avait fait fuiter la vidéo. "Nous devenions obsédés par la capture ou l'élimination de cibles  humaines ". Cette situation le "déprimait " et lui faisait horreur, raconte-t-il.

"J'endosse l'entière responsabilité pour mes actions" (Bradley Manning)

Mais si les fuites pouvaient "embarasser " son pays, elles ne pouvaient lui "nuire ", juge-t-il encore : "je ne m'intéressais qu'aux documents dont j'étais  absolument sûr qu'ils ne causeraient pas de tort " à la sécurité des États-Unis. "Les décisions  étaient les miennes et j'endosse l'entière responsabilité pour mes actions ", a-t-il revendiqué.

Le soldat a par ailleurs annoncé jeudi son intention de plaider coupable pour 10 chefs d'accusation sur les 22 pour lesquels il est poursuivi. Mais il se considère innocent des accusations les plus graves, dont celle de "collusion avec l'ennemi" passible de la réclusion à perpétuité.

Bradley Manning est accusé d'avoir transmis des dizaines de milliers de documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260.000 dépêches du département d'Etat, entre novembre 2009 et mai 2010, à WikiLeaks. Son fondateur, Julian Assange, est lui toujours retranché à l'ambassade d'Equateur de Londres, depuis plus de huit mois maintenant.

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