Vers une accalmie au Yémen ?
Le président Ali Abdallah Saleh libérera tous les prisonniers rebelles. Et les rebelles libèreront tous les loyalistes enlevés. Puis viendront "le retrait des hommes armés des rues, le démantèlement des barrages et le retour à la normale dans la capitale ". Les termes de l'accord, publiés par l'agence officielle, sont clairs.
Le gouvernement yéménite vient peut-être de trouver une issue à la crise qui ensanglante le pays depuis des mois. "Peut-être" , mais c'est loin d'être évident. Il va falloir négocier le passage à la pratique.
La première incertitude repose sur l'identité des signataires rebelles. La première division blindée de l'armée a confirmé l'accord. Ces militaires, ralliés très tôt à la rébellion, ont une importance considérable. Et le cheikh Mohsen al-Ahmar, également signataire, est l'un des principaux chefs tribaux. Mais leurs voix ne porteront pas forcément jusque dans les tribus très disparates du pays.
L'autre doute ô combien légitime vient du sang déjà répandu. On imagine mal le peuple accepter sans broncher que des dirigeants meurtriers restent en poste. Or si le président a promis qu'il quitterait le pouvoir, il refuse toujours de laisser les rênes à l'opposition. Et dans les rues, la situation dans les rues reste tendue.
Plusieurs milliers de personnes manifestaient encore ce matin à Sanaa, la capitale, pour réclamer le départ du président. Et comme tous les jours, les forces d'Ali Abdallah Saleh ont répondu par les balles: un mort, quarante blessés, et des dizaines de civils asphyxiés par les gaz lacrymogènes.
Tandis qu'à Taëz, plus au Sud, l'armée loyaliste a sorti le mortier pour bombarder des quartiers entiers tenus par des chefs de tribus rebelles. Quatre personnes sont mortes dans des effondrements, sept autres ont été blessés (bilans de sources médicales).
Une trève n'est pas un armistice, et la paix semble encore loin. Plusieurs accords similaires ont déjà échoué par le passé. Mais la chute de Mouammar Kadhafi mènera peut-être le pouvoir de Sanaa vers davantage de compromis.
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