Venezuela : le pays paralysé par une gigantesque panne d'électricité, le régime accuse les Etats-Unis
Nicolas Maduro accuse les Etats-Unis, soutien de son opposant Juan Guaido, d'être responsables de cette panne. Ce dernier, lui, rejette la faute sur le régime.
C'est une panne qui plonge le Venezuela encore plus profondément dans la crise : la quasi-totalité du pays était privé d'électricité, vendredi 8 mars, et ce depuis plus de 24 heures. Cet incident sans précédent a des conséquences dramatiques pour la population, et ravive le conflit entre le président Nicolas Maduro et son opposant Juan Guaido, reconnu comme chef d'Etat par une partie de la communauté internationale, qui s'accusent mutuellement d'en être responsables.
La panne a débuté jeudi, à 16h50 (heure locale). Elle touche Caracas et la quasi-totalité des 23 Etats du pays, qui s'apprêtait vendredi soir à passer une deuxième nuit dans l'obscurité.
Le courant est revenu partiellement vendredi après-midi dans certains quartiers de Caracas avant d'être coupé à nouveau. Des concerts de casseroles ont résonné dans plusieurs secteurs de la ville.
L'économie paralysée et les hôpitaux en difficulté
Nicolas Maduro a suspendu vendredi la journée de travail et les cours, une mesure exceptionnelle dans ce pays plongé dans une grave crise politique et économique.
La distribution de l'eau dans les immeubles, assurée par des pompes électriques, a été interrompu, ainsi que le réseau téléphonique et internet qui demeure très instable. Les vols ont été interrompus à l'aéroport international de Maiquetia, qui dessert Caracas.
Les hôpitaux connaissent une situation dramatique : ceux qui sont équipés de générateurs limitent le courant aux services d'urgence. Mais des malades sont morts à cause de la coupure. Dans la principale morgue de Caracas, les chambres froides ont cessé de fonctionner, et un employé anonyme explique qu'elle "ne peut pas recevoir plus de cadavres".
L'économie du Venezuela, déjà très fragile, est également touchée : les habitants ne peuvent pas retirer d'argent aux distributeurs et les banques sont restées fermées vendredi. Dans ce pays où l'inflation est hors de contrôle, l'argent liquide est rare et les transactions électroniques - suspendues vendredi - sont indispensables, y compris pour les achats courants comme le pain. Des commerces ont également été pillés.
Le régime accuse les Etats-Unis
L'origine de la coupure n'est pas encore connue. Mais dès jeudi, le président vénézuélien Nicolas Maduro l'a présentée comme une conséquence d'une "guerre de l'électricité annoncée et dirigée par l'impérialisme américain". Son ministre de la Défense, Vladimir Padrino, a annoncé un "déploiement" de l'armée, sans plus de détails, et le gouvernement a prévenu vendredi qu'il allait fournir à l'ONU "des preuves" de la responsabilité de Washington.
La guerra eléctrica anunciada y dirigida por el imperialismo estadounidense en contra de nuestro pueblo será derrotada. Nada ni nadie podrá vencer al pueblo de Bolívar y Chávez. ¡Máxima unidad de los patriotas!
— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) 8 mars 2019
De son côté, Juan Guaido, l'opposant autoproclamé président par intérim et reconnu par une cinquantaine de pays, a mis en cause, sur Twitter, "le régime usurpateur, corrompu et incapable qui a plongé notre pays dans l'obscurité". Les deux camps ont appelé à manifester samedi.
¡Venezuela a la calle!
— Juan Guaidó (@jguaido) 9 mars 2019
Mañana convoco a todo el pueblo venezolano a expresarnos masivamente en las calles contra el régimen usurpador, corrupto e incapaz que ha puesto a oscuras a nuestro país.
El cese de la usurpación será el cese de la oscuridad.
¡Vamos Venezuela! pic.twitter.com/cmEnO60KBL
La compagnie vénézuélienne d'électricité Corpoelec a dénoncé un "sabotage" de la centrale hydroélectrique vénézuélienne de Guri, la plus importante du pays et l'une des principales d'Amérique latine. De leur côté, des experts accusent le gouvernement socialiste de ne pas avoir investi pour entretenir les infrastructures alors que la crise économique fait rage.
Les coupures de courant sont habituelles au Venezuela, confrontée à une grave crise économique, voire chroniques dans l'ouest du pays. Mais elles sont plus rares à Caracas, surtout de cette ampleur.
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