Venezuela : "Une action de la part des pays voisins est nécessaire pour trouver une issue à cette crise internationale"
Gaspard Estrada, directeur de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes de Sciences-po, a estimé, dimanche sur franceinfo, que les pays voisins du Venezuela devaient intervenir pour trouver une issue à cette crise.
Le scrutin organisé pour élire une assemblée constituante est sous très haute tension au Venezuela. Un candidat et un dirigeant de l'opposition, qui boycotte cette élection, ont été assassinés, dimanche 30 juillet. Une "médiation et une action de la part des pays voisins pour trouver une issue à cette crise internationale" est nécessaire, selon Gaspard Estrada, directeur de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes de Sciences-po, déclare, dimanche sur franceinfo.
franceinfo : Ce scrutin se joue dans les urnes ou dans la rue ?
Gaspard Estrada : Nous le verrons dans les jours à venir. En ce qui concerne les urnes, compte tenu du fait que l'opposition a boycotté ce scrutin, le président Nicolas Maduro proclamera la victoire de son mouvement ce soir. La question est de savoir si cette action institutionnelle aura un effet politique et économique de longue durée. Je crois que non, car le Venezuela traverse une très grave crise économique. Il y a une pénurie des biens de première nécessité, mais aussi une crise politique. L'Assemblée nationale, actuellement contrôlée par l'opposition, va de facto disparaître, suite à l'élection de cette assemblée constituante. Je crains qu'il y ait de nouvelles manifestations.
On dénombre 115 morts depuis avril dans des manifestations similaires. Est-ce que cela peut dégénérer à nouveau ?
Je le crains d'autant plus qu'avec la convocation de cette assemblée constituante sans référendum, le président Maduro réalise une fuite en avant. On voit mal comment il peut y avoir un dialogue, qui est pourtant impératif pour obtenir un minimum d'apaisement. Dans les semaines à venir, je pense qu'on peut redouter une augmentation de la violence. Je ne sais pas si on peut encore parler de guerre civile, mais les deux camps se regardent en chiens de faïence. La tension est à son paroxysme. Pour le moment, l'armée soutient Maduro. Pour autant, on peut se poser la question d'éventuelles fissures au sein de ce corps militaire compte tenu de cet état catastrophique sur le plan économique, de cette polarisation politique et de ce marasme social.
La trahison par l'armée est une option envisageable ?
Il y a beaucoup d'options possibles. Le grand problème au Venezuela, aujourd'hui, c'est qu'il existe un très grand nombre d'acteurs qui ont un pouvoir politique. Il sera très difficile au Venezuela, mais aussi sur le plan régional, je pense à la Colombie et à Cuba, de mettre tous ces acteurs autour d'une table pour qu'ils prennent des décisions. Le Venezuela est en train de s'isoler et en même temps, il faut bien qu'il y ait une médiation et une action de la part des pays voisins pour trouver une issue à cette crise. Elle devient une crise internationale dans le sens où il y a des milliers de Vénézuéliens qui traversent les frontières pour fuir la pénurie et notamment en Colombie.
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