: Reportage "Si le gouvernement reste, je pars" : au Venezuela, entre crise politique et économique, les jeunes sont de plus en plus tentés par l'exil
Au Venezuela, Nicolas Maduro, dont la popularité est plus basse que jamais, a été réélu à la présidence, alors qu’une vague de protestation conteste ces résultats à l’intérieur du pays comme à l’international. Les autorités vénézuéliennes sont soupçonnées de fraude électorale. Le pays vit une crise socio-économique grave depuis une quinzaine d’années, poussant de nombreux habitants à fuir à l’étranger.
Car tous les Vénézuéliens, sans exceptions, ont un proche qui vit à l’étranger : plus de sept millions de personnes ont choisi l'exil ces dernières années, soit un tiers de la population. Et beaucoup de jeunes pensent à les rejoindre si la situation politique n’évolue pas.
Dans les manifestations contre les résultats de la présidentielle, le sujet est récurrent. "Ce n’est pas une vie pour nos enfants ça ! Ma fille m’a dit : 'Si le gouvernement reste, je pars l’an prochain', témoigne une femme. J’ai prévu d’aller étudier à l’étranger, je ne peux pas vivre dans un pays où il n’y a pas de travail, et où peu importe qui gagne les élections, ce sont les mêmes qui restent en place."
"Nous vivons dans un contexte trop instable"
Georgina fait partie de ceux-là. La jeune femme de 29 ans pense à partir depuis quelque temps déjà : "J’ai un diplôme d’ingénieur en chimie, mais je n’ai jamais pu travailler dans ce domaine. Et au-delà de ça, nous vivons dans un contexte trop instable, on ne sait jamais ce qui peut arriver demain. Par exemple, quand il y a eu la coupure de courant nationale, j’ai passé plus d’une semaine sans électricité !"
"Je sais bien que tout ne sera pas rose si je pars vivre à l’étranger, mais ce serait quand même plus stable, avec moins d’insécurité aussi. Pour toutes ces raisons, je pense à partir."
Georgina, une jeune Vénézuélienneà franceinfo
"J’ai pensé à l’Espagne, ajoute la femme. Pour la langue évidemment, mais il y a beaucoup de Vénézuéliens là-bas, donc j’ai pensé à l’Allemagne. Demander un visa étudiant, apprendre la langue et puis chercher un travail comme ingénieur."
Si Georgina espère toujours un changement, elle se prépare à tout : "J’ai beaucoup d’espoir que nous parvenions à sortir de cette dictature. Mais s’ils ne quittent pas le pouvoir, je sens que la situation va empirer. Et ça, je n’en ai pas envie. Je veux de la stabilité, je veux pouvoir m’épanouir professionnellement et personnellement. Donc toute cette situation a fait resurgir le projet d’émigrer." Malgré le haut niveau d’étude de la jeune femme, obtenir un visa de travail et faire reconnaître ses diplômes pourrait être un véritable parcours du combattant.
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