Electricité coupée, jours chômés, fuseau horaire modifié... Le Venezuela confronté à une grave crise énergétique
Le président Nicolas Maduro a annoncé une nouvelle salve de mesures, mardi, pour tenter de réduire la consommation d'énergie dans le pays.
Le Venezuela traverse une crise énergétique sans précédent. Mardi, 26 avril, le président Nicolas Maduro a annoncé de nouvelles mesures censées réduire la consommation d'énergie dans le pays. Selon le gouvernement socialiste, les 18 réservoirs d'eau du Venezuela souffrent de la sécheresse provoquée par le phénomène météorologique El Niño.
Par ailleurs, ce pays qui dispose des plus larges réserves pétrolières de la planète, est pénalisé par la chute des cours du brut qui apporte 96% de ses devises. Alors que la crise énergétique se mue en crise économique et politique, francetv info liste les conséquences de cette situation exceptionnelle sur le quotidien des Vénézueliens.
Une inflation record qui fait flamber les prix
Cette crise se traduit par des pénuries de produits de première nécessité, dont Caracas ne peut plus payer l'importation. Cela se traduit par de longues queues, pouvant durer plusieurs heures devant les centres commerciaux. Les Vénézueliens doivent également supporter la pire inflation au monde : à 180% par an en 2015.
Un contexte qui commence à peser sur les habitants. A Maracaibo, dans l'ouest, la deuxième ville du pays, des manifestants ont bloqué des avenues lundi pour protester.
L'électricité coupée quatre heures par jour
Surtout que les Vénézuéliens subissent déjà des coupures électriques imposées parfois très contraignantes. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que l'électricité serait coupée quatre heures par jour pendant 40 jours dans les dix Etats (sur 24) les plus peuplés, à l'exception de la capitale Caracas.
Ce rationnement de l'électricité ne concerne toutefois pas les hôpitaux, les aéroports ou les installations des forces de l'ordre et secours. En revanche, les grands consommateurs de courant, dont les hôtels, doivent quant à eux pourvoir à leurs besoins en électricité neuf heures par jour, ce qui a amené les centres commerciaux à réduire leurs horaires d'ouverture.
"Les coupures sont programmées en fonction du lieu et de cinq plages horaires de la journée ; chaque usager sachant à quelle heure le courant sera interrompu chez lui", précise RFI. Cependant, dans les boutiques d'alimentation, où les réfrigérateurs sont ainsi coupés tous les jours, les commerçants s'inquiètent du manque à gagner.
Une semaine de deux jours pour les fonctionnaires
Le président vénézuélien Nicolas Maduro avait déjà annoncé, début avril, que les fonctionnaires ne travailleraient plus le vendredi, et ce pendant une durée de deux mois. Mardi, il a cette fois ordonné que leur temps de travail passe à deux jours par semaine. Objectif : faire des économies. "Mercredi, jeudi et vendredi seront chômés dans le secteur public, à l'exception des tâches fondamentales et nécessaires", a déclaré le vice-président Aristobulo Isturiz, sans préciser la durée de l'application de cette mesure.
Précédemment, le gouvernement avait déjà annoncé la création de nouveaux jours fériés, ainsi que la réduction à six heures par jour du temps de travail dans les ministères. Enfin, pour les plus jeunes, le week-end commencera un jour plus tôt, puisque l'école sera également suspendue le vendredi pour tous les écoliers, de la maternelle au lycée.
Un changement de fuseau horaire
Le président vénézuélien a par ailleurs décrété le 15 avril un prochain changement de fuseau horaire de 30 minutes. Actuellement, l'heure du Venezuela est fixée à l'heure GMT (temps universel), moins 4h30. Mais cela changera dès le 1er mai : "La décision prise par le président est de revenir au fuseau horaire de quatre heures de moins par rapport au méridien de Greenwich [six heures de moins qu’en France]", a annoncé le ministre des Sciences, Jorge Arreaza. Avec cette mesure, le gouvernement espère que les Vénézueliens pourront tirer un maximum de profit de l'énergie du soleil.
Bientôt un référendum ?
Dans ce contexte, les Vénézueliens pourraient être appelés aux urnes dans les mois qui viennent. Mardi, le Conseil national électoral (CNE) a autorisé l'opposition, majoritaire au Parlement, à lancer une procédure pouvant déboucher sur la tenue d'un référendum révocatoire à l'encontre du président Maduro.
Pour cela, elle devra collecter, à terme, quatre millions de signatures, nécessaires à l'organisation d'un tel référendum. Le chef du groupe d'opposition au Parlement, Julio Borges, a plaidé pour "un référendum cette année et l'élection d'un gouvernement d'unité nationale pour réussir à nous sortir de ce chaos".
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