Au Venezuela, "la crise touche aussi les militaires" : pourquoi le soutien de l'armée à Nicolas Maduro est fragile
Au Venezuela, les regards se tournent vers l'armée, sur laquelle compte le président Maduro pour rester au pouvoir, alors que son opposant, Juan Guaido, exhorte les soldats à le rejoindre.
Au Venezuela, Nicolas Maduro, contesté par Juan Guaido, président autoproclamé, bénéficie toujours du soutien officiel de l’armée. Mais cette unité affichée est-elle solide ? D'anciens hauts gradés des forces armées du pays en doutent, alors que le rôle des soldats sera déterminant quand l'aide humanitaire arrivera aux frontières.
Réunis autour d'une table, d'anciens gradés membres du Front institutionnel militaire expliquent que les revenus du narcotrafic et du pétrole ont corrompu tout l’État vénézuélien jusqu’à l’armée. Le vice-amiral Ramos ne croit pas à l’unité derrière Nicolas Maduro. Il affirme que 10 à 15% des 4 000 soldats ont fait défection l’an dernier, notamment en raison du naufrage économique du pays. "Ils ont les même problèmes que le reste de la société parce que la crise est totale. Elle ne touche pas que les civils, affirme-t-il. Elle touche les militaires, la nourriture dans les casernes jusque dans les écoles militaires. Un traitement primitif, indécent pour ces populations."
L'ombre de Cuba
Entre 150 et 300 membres du commandement militaire seraient aujourd’hui détenus dans les deux principales prisons de Caracas. Le professeur Umberto Maïo, enseignant à l’académie militaire vénézuélienne, affirme que si l’armée régulière est encore derrière Nicolas Maduro, c’est qu’elle est soumise au système de terreur mis en place par le leader vénézuélien et ses alliés. "L’armée est séquestrée, sous le contrôle des commissaires politiques cubains. À l’intérieur, les unités sont harcelées, espionnées, donc les soldats sont prudents. C’est la seule raison : la peur et l’intimidation à travers la corruption, la torture, la terreur", déclare le professeur Maïo.
"Des chefs de gang" en uniforme
Une armée régulière terrorisée et des groupes de narcomilitaires et paramilitaires au service du gouvernement, toute une constellation de bandes armées, colectivo (milice), policiers du Sebin (services de renseignement), service de contre-espionnage et les Pranes. "Ce qu’ils appellent les Pranes, ce sont les chefs de gang emprisonnés qu’ils ont fait sortir. Ils leur ont mis un uniforme et les ont incorporés à la police et à la garde nationale, ce sont de jeunes délinquants", explique Umberto Maïo.
Une garde rapprochée devenue le dernier rempart de la dictature de Nicolas Maduro...
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