Visite du pape en Irlande : "Il faut des changements hiérarchiques" au sein de l'Église face aux affaires d'abus sexuels
Gino Hoel, rédacteur à la revue chrétienne" Golias", réagit sur franceinfo aux mots de contrition et de condamnation des abus sexuels du souverain pontife. S'il dit "les mots qu'il faut", les "actes concrets" ne sont toujours pas engagés, déplore-t-il.
Le pape François célèbre dimanche 26 août après-midi une messe en plein air à Dublin, alors qu'il est en voyage en Irlande pour les Rencontres Mondiales des Familles. La veille, il a rencontré huit victimes d'abus sexuels par des ecclésiastiques. Il a fait part de sa "honte" et sa "souffrance" face à "l'échec des autorités ecclésiastiques" pour affronter de manière adéquate les "crimes ignobles" du clergé en Irlande.
Mais derrière les mots, "il n'y a pas d'actes concrets", a déploré dimanche sur franceinfo Gino Hoel, rédacteur à la revue Golias (revue chrétienne, réformatrice et progressiste), auteur du Trombinoscope des Evêques de France.
On a un pape qui dit les mots qu'il faut. Mais il faut aussi que ces mots s'impriment dans le réel et dans le concret, surtout en matière d'abus
Gino Hoel, rédacteur à la revue chrétienne "Golias"avec franceinfo
Réformer plutôt que protéger
"Ces mots sont appréciés et sans doute attendus, mais il n'y a rien d'autre, déplore Gino Hoel. C'est par exemple changer le code de droit canonique, qui est archi-protecteur pour les prêtres, changer aussi la vision du ministère du prêtre dans l'Église. Ces affaires d'abus sexuels appellent nécessairement des réformes. Il va falloir des changements hiérarchiques", propose-t-il.
Mais selon le rédacteur à la revue Golias, peu de membres du clergé y sont favorables.
Le but du clergé, et c'est de plus en plus manifeste, c'est de protéger son pouvoir
Gino Hoel
"Ces gens ne veulent pas quitter les fonctions qu'ils occupent actuellement, affirme Gino Hoel. On a le cas en France du cardinal Barbarin [l'archevêque de Lyon est poursuivi pour non-dénonciation d'agressions sexuelles]."
Toujours d'après Gino Hoel, la situation est intenable pour les chrétiens. "Certains sont investis sur le terrain, dans des associations, auprès des migrants et leur travail tombe à l'eau, ils sont décrédibilisés. Donc il faut agir, mais la lourdeur de l'Église fait que c'est très difficile. Tant que vous n'aurez pas un acte fort d'un hiérarque, les gens ne suivront pas, puisqu'ils n'y sont pas habitués."
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