En 2019, un an après l'accord de paix au Soudan du Sud, le Pape François avait frappé les esprits avec un geste fort et symbolique au Vatican. L’archevêque de Canterbury le rappelle : "Le pape François s'était agenouillé pour baiser les pieds de chaque homme politique. Près de cinq ans plus tard, nous venons à nouveau à vous ainsi : à genoux pour laver les pieds, écouter, servir et prier avec vous." De 2013 à 2018, le Soudan Sud, un pays de 12 millions d'habitants, a été en proie à une guerre civile sanglante entre les partisans des deux leaders ennemis Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait 380 000 morts. >> Le Soudan du Sud, pays pillé par ses élitesL’archevêque de Canterbury a interpellé les dirigeants sud-soudanais, ces frères ennemis qui partagent, aujourd'hui le pouvoir. "Vous aviez promis davantage, nous attendions davantage !". Dans ce pays, toujours touché par les rivalités, le pape a réclamé un sursaut : "Il est temps de dire assez : assez de sang versé, assez de conflits, assez de violences et d’accusations réciproques sur ceux qui les commettent, assez d’abandonner le peuple assoiffé de paix.""Assez de destructions, c’est l’heure de la construction !"le pape Françoisà franceinfoPour le pape, la paix ne peut plus être reportée dans un pays où l’on compte les morts chaque jour. Même les travailleurs humanitaires sont tués. Monseigneur Christian Carlassare a, lui, été blessé juste après avoir été nommé évêque de Rumbek, il y a deux ans. Il est Italien, mais vit sur place depuis près de 20 ans. Il témoigne des violences quotidiennes : "Il y a eu des violences sexuelles sur les femmes, les enfants, des tueries, des villages brûlés et on ne sait pas d'où ça vient. Mais ce qui est clair, c'est que c'est aussi un moyen pour les différents groupes de faire monter les enchères et d'exiger plus d'espace dans l'arène politique."Deux clans rivaux à la tête du paysSi les deux clans rivaux gèrent ensemble le pays aujourd'hui dans un gouvernement d'union nationale, les accords de paix ne tiennent pas. La situation humanitaire est critique, au point qu’Adeyinka Badejo, la coordinatrice du programme alimentaire mondial de l'ONU sur place, s’en remet au pape : "La sécurité du pape est une priorité absolue pour les autorités du pays. Et je peux vous dire qu’il est très attendu. Sa visite arrive à point nommé, car il apporte un message de paix essentiel pour encourager les dirigeants politiques du Soudan du Sud à accélérer la mise en œuvre des accords de paix !"Deux millions de réfugiés ont quitté le pays, mais il y a aussi deux millions de déplacés au Soudan du Sud en raison des violences intercommunautaires, de la crise climatique et des inondations. Le pape François en visite au Soudan du Sud - reportage de Bruce de Galzain écouter