Reportage "La piété se vit dans la rue" : en Corse, croyants et non-croyants rassemblés autour des traditions populaires catholiques

Alors que le pape François se déplace en Corse dimanche, les habitants racontent la piété populaire sur l'île.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Loïc, Louisette, Hélène et Martine devant l'église Saint-Pierre de Vivario, décembre 2024. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

J-1 avant la venue du pape François à Ajaccio. Une visite historique très attendue, dimanche 15 décembre, sur une île où l'empreinte chrétienne est ancienne. Le souverain pontife vient conclure un colloque sur "la religiosité populaire en Méditerranée" dans un territoire où la foi catholique est très ancrée, à l'image de l'hymne national corse : c'est un chant religieux dédié à la Vierge Marie.
Les célébrations, processions ou rites, selon l'année pastorale, font partie de la vie de tous les jours, toutes générations confondues.

Formose, le seul pape originaire de Corse, au IXe siècle, est né à Vivario. C'est un motif de fierté pour Louisette, 90 ans, habitante du village. Comme l'église : "En 1925, la flèche a été mise par mon grand-père. J'en suis très fière." Cette catholique pratiquante, qui va "tous les dimanches à la messe", verra le pape François à la télévision : "On va prier ! Même lorsqu'il donnera sa bénédiction papale, elle va nous atteindre aussi. Même si nous sommes devant notre télévision." Écran ou pas, c'est pour elle un moment historique : "C'est quelque chose de merveilleux, c'est inattendu, c'est fabuleux."

"Il y a un respect mutuel et un respect pour la foi"

Fêtes patronales, processions, célébrations, rituels... En Corse, la foi catholique est vivante, s'enthousiasment Louisette et ses amies Hélène et Martine. "Par exemple, pour notre procession du 15 août, même les gens qui ne participent pas allument une bougie sur leur balcon. Il y a un respect mutuel et un respect pour la foi", raconte Hélène. "Les gens touchent la statue, récupèrent un petit bout de la statue... À la Saint-Antoine, on distribue des petits pains bénis. Il y a toutes sortes de traditions populaires. Ça rassemble beaucoup de monde, des croyants et des non-croyants", ajoute Martine.

Jean-Bernard Poli, de la confrérie Saint Jean-Baptiste, à Ajaccio, décembre 2024. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Sur l'île de 355 000 habitants, il y a 280 000 baptisés, 434 paroisses, 80 prêtres et une centaine de  confréries réunissant quelque 3 000 membres, une communauté de laïcs au rôle culturel et social, unis par le chant notamment. Jean-Bernard Poli fait partie de la confrérie Saint Jean-Baptiste, à Ajaccio : "La confrérie, c'est le pur lien social. C'est un moyen d'apprendre des choses, d'œuvrer pour un but commun : aider les indigents, restaurer l'église, faire venir des jeunes, leur apprendre le chant..."

"De plus en plus de jeunes demandent à être baptisés"

Tout cela parle aux jeunes. Paul-Antoine, 26 ans est séminariste : "On a de plus en plus de jeunes qui demandent à être baptisés. L'année dernière, à Paques, on a eu 51 baptêmes, c'est magnifique à voir. Notre piété populaire en Corse, je pense qu'elle aide beaucoup les jeunes de ma génération à aller à l'église. Nous, on a un culte à Marie qui est décuplé en Corse. Je pense que ça, c'est unique."

Paul-Antoine, 26 ans, séminariste à Ajaccio (Corse), décembre 2024. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le pape François y est sensible, développe le très populaire cardinal de Corse, François-Xavier Bustillo qui l'a invité : "Moi, ici en Corse, j'ai béni les bateaux, j'ai béni les voitures, j'ai béni les avions. On bénit les bêtes. Ça fait partie de la tradition corse. Ici, la piété populaire, on la vit dans la rue. Ça parle au pape François, parce que justement, il y a ce côté pas du tout complexé et assumé des Corses, entre le culte, la culture et la convivialité." Il souhaite que cette visite papale soit un moment festif entre chants et prières.

Les Corses et l'enracinement populaire de la tradition catholique : reportage de SandrineEtoa-Andegue

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