En démissionnant, le pape quitte aussi le climat délétère du Vatican
Vatileaks, corruption, prêtres pédophiles... Les scandales se sont enchaînés sous le pontificat de Benoît XVI. Ils ont aussi pu jouer un rôle dans sa renonciation.
Pourquoi le pape a-t-il démissionné ? A 85 ans, Benoît XVI, de son vrai nom Joseph Ratzinger, a indiqué qu’il n’avait "plus les forces". En plus de la fatigue, le souverain pontife souffre d’une violente arthrose à la hanche. Derrière cette explication, d'autres raisons ont pu pousser le pape à prendre cette décision rarissime. Le scandale Vatileaks ou les affaires de pédophilie sont pointés du doigt, même si pour Antoine-Marie Izoard, journaliste au Vatican contacté par francetv info, l'état de santé du pape reste bien la première cause de cette démission.
Le scandale du pontificat : Vatileaks
Sa Sainteté : scandale au Vatican... En mai 2012, le livre choc du journaliste italien Gianluigi Nuzzi sort en librairie. Il contient des dizaines de documents confidentiels, notamment une partie de la correspondance du pape. Les documents évoquent différentes affaires, comme la réintégration de l'évêque intégriste et négationniste Richard Williamson, la banque du Vatican et les querelles internes au Saint-Siège. Et surtout, de très grosses affaires de corruption. Le scandale Vatileaks (en référence au WikiLeaks de Julian Assange, qui révélait également des documents secrets) est né.
Le jour de la sortie du livre, le majordome de Benoît XVI, Paolo Gabriele, est arrêté. Il est accusé d'être l'un des fournisseurs de documents secrets à la presse italienne.
Le philosophe et historien des religions Frédéric Lenoir tente une autre explication sur France Info. "La curie romaine traverse une tempête très grave depuis le Vatileaks et je pense qu’à son âge, Benoît XVI n’a plus la force de tenir la barque dans la tempête. A mon avis, c’est ça qui a été le déclencheur, assure-t-il. Il a eu envie de sortir de cette affaire-là en graciant son majordome, mais rien n’est réglé."
Dans cette intrigue mêlant espionnage, lettre anonyme et menaces de mort, le pape a subi les divisions et les règlements de comptes des puissants du Vatican. Le fidèle bras droit du pape, le cardinal Bertone, s’est retrouvé au cœur de ces enjeux de pouvoir, comme le rappelle L’Express.
Les affaires de pédophilie
Le pape a pu aussi être affecté par les affaires de pédophilie qui ont éclaté dès le début de son pontificat. Dès 2005, des cas de prêtres pédophiles sont révélés aux Etats-Unis. Le chef de l'Eglise catholique exprime alors sa honte et rencontre des victimes. Mais le scandale s’étend à l’Europe et à l’Amérique latine. La hiérarchie catholique est accusée d’avoir couvert ces agissements. Quant à Benoît XVI, il est pointé du doigt pour n’avoir rien vu pendant ses vingt-quatre années passées à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Pour Antoine-Marie Izoard, le lien entre ces affaires et la démission du pape n’est pas évident. Il rappelle que Benoît XVI a entrepris de faire le ménage dans les rangs de son institution. Mais Le Monde souligne que Benoît XVI a semblé "comme dépassé par l'étendue des chantiers qu'il a dû lui-même ouvrir, bon gré mal gré."
Les scandales financiers
La presse transalpine a affirmé que des prêtres italiens auraient blanchi des sommes d'argent importantes via l'IOR (Institut pour les œuvres de religion), la "banque" du Vatican. Comme pour les affaires de pédophilie, Benoît XVI a tenté de mettre de l'ordre dans cet établissement financier. Un combat usant psychologiquement.
Antoine-Marie Izoard pense que l’âge avancé du pape et son état de fatigue restent les principales raisons de cette démission, même s’il évoque une "pression psychologique" concernant ces dossiers sensibles. Il complète : "Le pape est resté assez étranger aux oppositions internes et au népotisme, il a peut-être souhaité s’éloigner de ça."
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