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Victoire de Bill de Blasio : de la révolution sandiniste à la mairie de New York

Bill de Blasio a été élu maire de New York avec plus de 70% des voix. Ce démocrate succède, à l'issue des municipales du 5 novembre, au républicain Michael Bloomberg qui a gouverné la plus grande ville des Etats-Unis, et ses 8,2 millions d’habitants depuis… 2002. Portrait de ce New-Yorkais de 52 ans qui n’hésite pas afficher un programme résolument à gauche.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Bill de Blasio en campagne avec sa femme Chirlane McGray en septembre 2013.
 (TIMOTHY CLARY / AFP)

Le 109e maire de New York, Bill de Blasio, est résolument à gauche. «New York a choisi la voie du progrès»; a-t-il assuré dans son quartier de Brooklyn en fêtant sa victoire.

«Sur chaque sujet, Bill de Blasio est le vrai choix du progrès» : tel était le slogan qu’il affiche fièrement sur son site internet de campagne. Son programme est clairement marqué à gauche dans une ville gouvernée par un Républicain pendant plus de 10 ans et trois mandats. Une ville dans laquelle les inégalités ont fortement augmenté et qui connaît d'importantes disparités puisque les 1% d'habitants qui gagnent plus de 500.000 dollars par an totalisent 36% des revenus des New-Yorkais.
 
Pas étonnant alors que l'école, le logement, la fiscalité et la question des congés maladies soient au centre de sa campagne. «Bill a toujours défendu les droits des classes moyennes et ouvrières new-yorkaises en luttant pour étendre l'éducation de la petite enfance, les droits des locataires, et les possibilités d'emploi pour tous les New-Yorkais», affirme son site internet.
 
Un New-Yorkais comme les autres
Avec son nom italien (il a préféré porter le nom de sa mère plutôt que celui de son père Warren Wilhelm) et sa famille mixte (sa femme est noire), Bill de Blasio, habitant de Brooklyn, ressemble aux habitants de Big Apple, surnom de New York.  
 
Sa famille a explosé quand il avait sept ans. Il parle de son père revenu diminué de la Seconde guerre mondiale. En raison de l'alcoolisme de celui-ci, il a vécu avec sa mère et a pris le nom italien de celle-ci.
 
Les images le montrent souvent au côté de sa femme, Chirlane McGray. Lui, le géant blanc d’un mètre quatre vingt quinze; elle, la petite noire. Il a en effet épousé une femme noire, militante qui a revendiqué son homosexualité et utilisé l’écriture comme arme, avant de former avec Bill «un couple conventionnellement peu conventionnel». Ses enfants, Chiara et Dante, à l’imposante coiffure afro, vont à l’école publique, une première à New York pour un maire. 

Bill de Blasio et sa famille représentent parfaitement un concentré de la société américaine qui se voudrait «post raciale» après l'élection d'Obama à la Maison blanche et des débats qui ont touché les Etats-Unis ces dernières années. 

Diplômé de la NYU (Université de New York) et de Columbia (autre université new-yorkaise), Bill de Blasio a travaillé pour la ville de New York dans le cadre d’un programme de bourses. Il est conseiller municipal de la ville depuis 2001 dans la circonscription qu’il habite, le quartier de Park Slope à Brooklyn, un des cinq quartiers de New York, en pleine évolution.
 


Militant et défenseur des sandinistes
Bill de Blasio a été militant avant d'être homme politique. Dans l'Amérique réputée conservatrice, il n’a pas hésité à se montrer défenseur de la révolution sandiniste au Nicaragua, alors que les Etats-Unis de Reagan finançaient les Contras, l'opposition armée.

Le New York Time le montre avec une barbe très castriste et rapporte que son engagement était plus important qu’il ne veut bien le dire. Il a même été arrêté à deux reprises lors de manifestations contre la politique américaine de Reagan. A l’époque, des milliers d’Américains s’étaient engagés pour soutenir le mouvement sandiniste. Etudiant, déjà, il avait milité pour une économie plus transparente et plus de droits pour les élèves.
 
Son engagement à gauche semble venir de loin, puisque selon le NYT sa mère aurait été accusée d’être communiste.
 
Une campagne à gauche
Venu de la gauche militante, de Blasio connaît bien la ville. Après avoir été fonctionnaire municipal, puis élu, il a gagné l’élection pour devenir «avocat public» de la ville (sorte de médiateur). A ce poste, il a critiqué plusieurs projets du maire Bloomberg, notamment sur des questions d’accès à l’école publique ou sur la gratuité des transports pour les étudiants.
 
Dans sa campagne pour les municipales, il a défendu l’idée que les riches paient plus d’impôts à partir de 500.000 dollars de revenus annuels. On est en pleine «lutte des classes», aurait dit M.Bloomberg, le milliardaire et maire sortant, selon Le Monde. Cette hausse des impôts pour les riches doit servir, selon de Blasio, à financer l’accès aux maternelles pour tous et aux activités péri-scolaires. Il a aussi proposé que les entreprises assurent des congés payés aux parents d’enfants malades, ce dont sont privés un million de New-Yorkais, selon lui. Il souhaite aussi changer le responsable de la police et mieux contrôler cette dernière. Une idée qui plaît aux minorités, nombreuses dans la «ville monde» qu'est New York.

Dans son dernier débat avec son adversaire, le républicain Joseph Lhota, Bill de Blasio a indiqué que pour son intronisation il souhaitait jouer du Springsteen. Un des soutiens de Barack Obama. La ville avait voté pour le président à plus de 80%. Bill de Blasio a obtenu plus de 73%. Depuis 1985, pas une maire n'avait été élu avec un score aussi important.
Le président Obama venu à Brooklyn en octobre 2013 soutenir la campagne de de Blasio. (MANDEL NGAN / AFP)


Voir la carte des résutats dans les différents quartiers de New York sur la carte interactive du New York Times.

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