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USA2016: c’est quoi, un caucus ?

Le caucus de l’Iowa (1er février 2016) est la première étape de la campagne présidentielle américaine, et un passage obligé pour les candidats. En 1976, un inconnu, Jimmy Carter, l’avait emporté avant de gagner son ticket pour la Maison Blanche. En 2008, Barack Obama y avait triomphé d'Hillary Clinton, de l’establishment démocrate et des financiers du parti. Explications.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un partisan du républicain Rick Santorum lit une déclaration de son candidat au cours d'une réunion d'électeurs dans une école de Des Moines pendant le caucus de l'Iowa, le 3 janvier 2012. (Reuters - Brian Frank)

L’affaire n’est pas simple. D’abord, quand on aborde l’étymologie du mot, apparu au XVIIIe. Pour certains, le mot serait d’origine amérindienne et ferait référence «aux réunions de chefs tribaux chez les Indiens algonquins». Mais d’autres vous expliquent qu’il dérive peut-être d’un mot grec signifiant «coupe à boire». Ou qu’il s’agirait d’une déformation du mot latin médiéval «abreuvoir». Bref, on n’en sait trop rien !
 
C’est quoi ?
Quoi qu’il en soit, les caucuses sont des réunions publiques de «sympathisants et de militants du parti organisateur» dans un Etat, expliquait Géopolis pendant la campagne de la précédente présidentielle américaine en 2012. C’est un peu le modèle des «réunions entre voisins»… Des rassemblements démocrates d’un côté, républicains de l’autre, au folklore très particulier.

Qui vote ?
Dans l'Iowa (comme dans d’autres Etats), les électeurs des caucuses sont inscrits sur les listes électorales et enregistrés comme démocrate, républicain, ou sans étiquette. Sur 3,1 millions d'habitants, il y a environ 584.000 électeurs démocrates actifs, 612.000 républicains actifs et 727.000 «sans-partis» actifs.

Un républicain vote chez les républicains, un démocrate chez les démocrates. En ce qui concerne les sans-partis, ils peuvent se rendre dans le bureau de leur choix et s’affilier pour l’un ou l’autre camp. La précision n’est pas inutile : dans l’autre mode de désignation que sont les primaires, en l’occurrence dans le cadre des primaires ouvertes, «l’électeur décide, le jour du scrutin, pour quel parti il votera». A noter que le phénomène des swing voters (mot-à-mot : les électeurs balanciers), en clair des électeurs indécis, joue un rôle essentiel lors de la présidentielle américaine. Et sont activement courtisés par les deux camps.

Où vote-t-on ?
Chaque parti organise, pour son compte, des bureaux de vote dans des lieux le plus souvent publics: grands hôtels, écoles, bibliothèques, centres associatifs... Conséquence : les réunions des deux camps peuvent avoir lieu dans des salles différentes d'un même bâtiment. Les républicains occuperont par exemple la bibliothèque. Tandis que les démocrates se retrouvent dans l'école à l’étage du dessous.

En 2016, 1681 réunions démocrates sont prévues dans l’Iowa. Plus une virtuelle «par téléphone» pour les militaires et étudiants originaires de l'Iowa mais qui vivent à l'étranger. Ainsi que quelques rassemblements «satellites» dans des maisons de retraite ou des usines, par exemple, pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer.

Les républicains ont un nombre similaire de bureaux de vote.

La candidate démocrate Hillary Clinton s'apprête à signer la déclaration d'une étudiante sur l'égalité salariale entre femmes et hommes pendant la campagne pour le caucus de l'Iowa à Oskaloosa le 25 janvier 2016. (AFP - BRENDAN HOFFMAN - GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Pour les deux partis, les consultations commenceront à 19 heures locales. A l’heure prévue, on ferme les portes. A savoir : quand on arrive en retard, on est refoulé.
 
Comment ça se passe ?
La procédure est différente selon le parti.

Chez les républicains, on discute. Puis on écrit le nom du candidat sur une feuille de papier.

Côté démocrate, on a l’esprit un peu plus tordu… «Les partisans de chaque candidat se regroupent dans un coin de la pièce et se comptent», raconte Le Figaro. «Les groupes rassemblant moins de 15% des présents sont déclarés ‘‘non viables’’. Leurs membres sont alors courtisés par les supporteurs des autres candidats et peuvent rallier un autre groupe. Trente minutes plus tard, un nouveau comptage a lieu. Lorsque tous les groupes sont ‘‘viables’’, les voix sont attribuées au prorata à chaque candidat.» Sont ainsi désignés des délégués qui se réunissent ensuite au niveau du comté.
 
En fonction des résultats sont désignés des délégués qui participeront à la convention de leur parti. Convention au cours de laquelle est définitivement désigné le candidat de leur formation politique pour la présidentielle.
 
Est-ce bien démocratique ?
Le système des caucus relève du fonctionnement de chaque parti. Il s’adresse donc d’abord aux militants. Mais «il donne la prime à l’enthousiasme sur l’argent», observe Le Figaro. «Les candidats doivent arpenter l'Etat pendant des mois et, le jour du vote venu, mobiliser des armées de volontaires pour faire participer le plus grand nombre possible de leurs supporters», ajoute le journal français. 

Le caucus n’en soulève pas moins un vrai problème de représentativité. Notamment dans l’Iowa, Etat rural, religieux et conservateur, qui ne compte que 1% de la population américaine. Etant le premier à voter pour la désignation des candidats dans la très longue campagne présidentielle, il en tire une influence sans commune mesure avec son poids. Une chose est sûre : seul un quart des Etats ont recours aux caucuses, les autres préférant passer par des primaires, organisées par les autorités de l’Etat elle-mêmes. Preuve que le système ne donne pas entièrement satisfaction…

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