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USA2016 - Caucus de l'Iowa: le match Clinton-Sanders, réalisme contre idéalisme
Hillary Clinton, donnée longtemps en tête, peut-elle être battue par le «socialiste» Bernie Sanders, pour la désignation du candidat démocrate à la présidentielle? Le caucus de l’Iowa, le 1er février 2016, devrait s’avérer décisif. Le match Clinton-Sanders, c’est un peu celui de l’expérience de l’ex-secrétaire d’Etat contre l’enthousiasme du sénateur de Vermont qui fait rêver les jeunes.
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Pour l’instant, les républicains l’emportent sur les démocrates. Pour le nombre de candidats, en tout cas: 12 contre trois. Mais le troisième larron du camp de Barack Obama, Martin O’Malley, ancien maire de Baltimore, est insignifiant dans les sondages où il plafonne à moins de 1% des intentions de vote. Il n’y a en fait que deux candidats démocrates crédibles: Hillary Clinton et Bernie Sanders.
Les électeurs de l'Iowa lancent le 1er février la saison des primaires pour la présidentielle de novembre avec ces consultations nommées «caucus». Et, au moins dans certains sondages, Bernie fait jeu égal avec Hillary. La campagne fait donc rage entre les deux candidats.
«Elle a tenu tête aux dictateurs les plus durs de la planète, et je n'ai aucun doute qu'elle s'opposera au Tea Party et au lobby des armes», a lancé Cecile Richards, présidente de la principale organisation de planning familial américaine, l'une des nombreuses organisations à avoir appelé à voter pour l’ancienne secrétaire d’Etat.
Expérience…
Principal message de cette dernière et de ses soutiens: son projet serait plus réaliste que celui de Bernie Sanders, un «socialiste démocrate» qui a fait de la dénonciation des élites financières le cœur de sa candidature. Il va répétant qu'Hillary Clinton a longtemps entretenu des liens avec de grands banquiers. Et qu’elle a même été rémunérée pour prononcer des discours chez Goldman Sachs.
«Les revenus ont cessé d'augmenter. J'ai placé la hausse des revenus au centre de ma campagne. J'attaque Wall Street depuis des années!», s'est-elle défendu le 24 janvier 2016. La démocrate a aussi insisté sur son expérience comme chef de la diplomatie américaine (entre 2009 et 2013) et son plan «très précis» pour vaincre Daech. «La personne qui se trouve dans la salle de commandement doit être capable de peser les renseignements et les informations, de creuser dans les détails», a-t-elle conclu. Dans le même temps, elle dénonce l'irresponsabilité ou la naïveté de certaines propositions de Bernie Sanders. Lequel veut, par exemple, rouvrir la boîte de Pandore de l'assurance-maladie.
…contre enthousiasme
Mais l'idéalisme de Bernie Sanders fait rêver une partie des démocrates, notamment les jeunes. Dans un discours multipliant les «idées radicales» et les appels à une «révolution politique», il a rappelé aux étudiants de l'Université d'Iowa Nord à Cedar Falls, le 24 janvier, qu'il était considéré comme un candidat marginal au lancement de sa campagne. «Mes amis, il s'est passé beaucoup de choses en neuf mois», a-t-il dit avec gourmandise.
Pour balayer les doutes qu'auraient des électeurs à investir un candidat très à gauche pour la présidentielle de novembre, Bobby Sanders a récité les sondages qui le montrent battant Donald Trump par une plus grande marge qu'Hillary Clinton. «Dans une élection générale, les républicains gagnent quand les gens sont démoralisés et que personne ne vote», a-t-il expliqué. Or, «une analyse objective ne peut que constater que l'énergie et l'enthousiasme sont de notre côté». «Nous ne pourrons gagner que si les jeunes se déplacent et vont voter», a-t-il insisté.
«Prose» contre «poésie»
Le succès de Bernie Sanders a surpris beaucoup d'observateurs. Surtout pour un candidat qui s'autoproclame «démocrate socialiste» dans un pays où le terme de «socialiste» est agité comme un torchon… rouge. Sanders a séduit certains jeunes démocrates de gauche mais son manque d'expérience des affaires internationales pourrait lui nuire. Notamment quand il dit vouloir établir des relations normales avec l’Iran. «Le sénateur Sanders ne parle pas beaucoup de politique étrangère. Mais quand il le fait, c'est inquiétant car on dirait qu'il n'a pas vraiment réfléchi à tout», a dit l’ex-First Lady (épouse de Bill Clinton, qui fut président de 1993 à 2001) le 21 janvier. Une manière de dire que son adversaire n’est qu’un néophyte…
Malgré le défi Sanders, Hillary reste bien positionnée pour devenir la première femme à être désignée candidate à la Maison Blanche par le parti démocrate, estiment les observateurs. Cette dernière a d’ailleurs reçu un coup de pouce de son ancien «boss», le président Obama.
«Sa force – le fait qu'elle a une expérience extraordinaire et qu'elle connaît tous les dossiers par cœur – peut parfois la rendre plus prudente et donner à sa campagne une tonalité plus proche de la prose que de la poésie», a expliqué Barack Obama dans un entretien publié le 25 janvier par Politico. Clinton une prosateure, Sanders un poète… Reste à savoir quel type de littérature apprécient les électeurs.
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