Rio-Paris : une enquête discréditée pour les familles
On savait que les pilotes et les proches de victimes du Rio-Paris étaient déjà très remontés contre le troisième rapport d’étape du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses qui pointait la responsabilité des pilotes lors du crash de l’AF447 en juin 2009 au large du Brésil. Ils ont désormais trouvé une fenêtre de tir.
Tout se concentre autour de la disparition dans le rapport d’une recommandation sur le fonctionnement des alarmes de décrochage des avions d’Airbus. Un lièvre soulevé hier soir par Les Echos et La Tribune, qui jette "le discrédit sur l'investigation technique" et "génère une crise de confiance sans précédent envers les autorités d'enquêtes" , réagit Robert Soulas, président de l'association Entraide et Solidarité AF447. Colère également du côté du SNPL, syndicat majoritaire des pilotes de ligne. Il annonce son souhait de "suspendre sa participation" à l'enquête sur la catastrophe.
Car ce qui inquiète le plus les familles et les pilotes, c’est que la responsabilité d’Airbus soit volontairement limitée dans cette enquête. Pour le syndicat, les pilotes "n'entendent pas fuir leurs responsabilités mais ils n'accepteront pas que cette enquête se transforme en une simple instruction à charge contre l'équipage."
Au Bureau d'enquêtes et d'analyses, on tente de se justifier sur cette disparition. “Le directeur d’enquêtes du BEA a souhaité retirer cette recommandation du rapport d’étape car elle doit être complétée par les travaux réalisés par le groupe de travail « facteur humain »”, a déclaré une porte-parole du Bureau d’enquêtes et d’analyses.
De son côté, Airbus, très discret depuis la publication du rapport, refuse lui aussi d'endosser le mauvais rôle. "Peut-on imaginer une seconde que, pour des questions d'intérêts économiques ou de liens entre le BEA et Airbus, on puisse mettre en péril toutes les autres compagnies qui opèrent cet avion? Ce n'est ni concevable, ni admissible", affirme un porte-parole du constructeur.
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