Rio-Paris : un nouveau rapport établit le "scénario" du crash
Plus que dans toute autre affaire, on marche ici sur des œufs. Alors que semblait poindre dans les dernières investigations du Bureau d'enquêtes et d'analyses l'hypothèse d'une responsabilité des pilotes -qui n'auraient pas compris que leur appareil décrochait-, ce matin, à quelques heures de la publication de son nouveau rapport d'étape, le BEA reprend ses pincettes.
_ Une erreur de pilotage ? "Parcellaire et réducteur", rétorque la porte-parole du BEA. Il ne faut pas "confondre circonstances et causes d'un
accident", prévient-elle, assurant que le BEA poursuit son enquête qui est "loin d'être terminée".
Que sait-on à ce jour ? Que les sondes Pitot censées mesurer la vitesse de l'avion ont givré. Point. C'est la seule défaillance établie. Mais encore ? Les enquêteurs eux-même estiment que cette panne ne peut expliquer à elle seule le crash.
L'hypothèse qui se dessine pourrait donc être celle-ci : faute d'informations fiables, en pleine nuit et dans le mauvais temps, les pilotes n'auraient pas compris qu'ils décrochaient, et aurait tenté de "cabrer" l'appareil, quand il eut fallu, selon certains experts, "piquer" pour reprendre appui sur l'air.
Ce qui est sûr, c'est que l'on sait désormais que l'avion était "récupérable", comme ont pu l'expérimenter nos spécialistes maison de l'aéronautique, invités à prendre eux-même le manche dans une simulation du crash. RELIRE ici leur expérience.
_ Mauvaise interprétation, mauvaise manœuvre donc ? Facile à dire, réagissent les pilotes aujourd'hui. À l'époque, cet Airbus était censé "ne pas décrocher". Les procédures pour sortir d'un décrochage étaient donc enfouies au fin fond du manuel de pilotage, explique en substance Jean-Louis Barber, du syndicat SNPL.
Cette hypothèse d'une faute de pilotage laisse en outre les familles de victimes perplexes. Robert Soulas, président de l'association Entraide et Solidarité AF447, espère que ce rapport apportera "des précisions sur le plan technique, sur les dernières trois minutes 30, de manière à se faire une idée des réactions des pilotes".
Les familles des 228 victimes surtout craignent de se voir promenées par Air France et Airbus qui se livrent une véritable guerre autour de cet accident. La compagnie défend ses pilotes, quand l'avionneur rejette un défaut de ses sondes.
Ce "scénario" circonstancié de la catastrophe que promet le BEA permettra-t-il d'y voir un peu plus clair ? Réponse à 14h30.
Cécile Quéguiner, avec agences
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