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Réfugiés syriens : les Etats-Unis font des promesses du bout des lèvres
Sous la pression de leur opinion publique, les Américains ont annoncé qu'ils accueilleront aussi des réfugiés syriens. Au moins 10.000 d'ici septembre 2016. En dépit de l'opposition des républicains. Certains estiment qu'ouvrir la porte aux réfugiés syriens rimerait avec laisser entrer des terroristes islamistes aux Etats-Unis.
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L’opinion publique américaine s’était émue, notamment après la diffusion de la photo du corps sans vie du petit Aylan Kurdi, de l’inaction des autorités américaines face à la situation des réfugiés syriens qui arrivent massivement en Europe. «Les Etats-Unis doivent et devraient faire plus. Le silence de la Maison-Blanche est inacceptable», s’est indignée Michelle Brané de la Commission des femmes pour les réfugiés (Women's Refugee Commission, WRC), une ONG américaine basée à New York, citée par l’agence Reuters.
D’autant plus, rapporte Politico, que des responsables politiques américains estiment que Washington est responsable de la situation en Syrie. A l’instar du président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le républicain Bob Corker.
A Syrian migrants' child. pic.twitter.com/sjBxuInpEp
— David Galbraith (@daveg) September 2, 2015
Washington est prêt à accueillir au moins 10.000 réfugiés syriens
L’administration Obama a donc réagi sous la pression. Josh Earnest, le porte-parole du président américain, a annoncé jeudi 10 septembre 2015 que les Etats-Unis recevraient au moins 10.000 réfugiés syriens d'ici fin septembre 2016. Quelques heures plus tôt, les autorités américaines indiquaient qu'elles augmenteraient de 5.000 le nombre de réfugiés attendus en 2016. Le chiffre passerait ainsi de 70.000, niveau de ces trois dernières années, à 75.000 personnes. Mais l’annonce ne concerne pas uniquement les Syriens.
«Quand on discute d'une augmentation, on discute d'une augmentation concernant des personnes du monde entier. En plus d'accueillir plus de Syriens, ce qui est notre intention, nous aimerions faire rentrer plus de réfugiés africains l'année prochaine», déclarait John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, le 9 septembre 2015.
«Il me semble que les Européens sont tellement concentrés sur ce dossier, y travaillant jour après jour, qu'ils ne pensent pas encore réellement à se tourner vers nous pour de l'aide, mais nous réfléchissons à une manière de leur venir en aide», avait-il poursuivi.
Dans la crainte d'une infiltration terroriste
L’heure est véritablement à la réflexion car nombre de députés républicains estiment qu’accueillir des réfugiés est la porte ouverte aux terroristes. «Nous savons que l'organisation de l'Etat islamique (EI) veut utiliser la route des réfugiés pour envoyer des agents à l'ouest», a affirmé le sénateur républicain Michael McCaul, président de la Commission sur la sécurité nationale, en réaction à l'annonce de Barack Obama. «Cela nous brise le coeur de voir des Syriens innocents fuir la violence dans leur pays (...) mais la meilleure façon de résoudre cette crise se trouve à la source». L’administration Obama, elle-même, s’inquiète que des islamistes de Daech ou d’al-Qaïda arrivent sur le sol américain en se faisant passer pour des réfugiés, rapporte Reuters.
En réaction à l’annonce faite par John Kerry, le sénateur républicain John McCain, qui fait souvent figure d’exception dans son camp, a affirmé que l’administration Obama faisait face à une «crise de conscience», selon Politico. «C’est un exode massif de réfugiés qui fuient des conflits dont les Etats-Unis refusent de se préoccuper depuis des années.» Outre les Syriens, des Afghans et des Irakiens figurent parmi les milliers de personnes qui affluent vers l'Europe.
Les Etats-Unis ont accueilli environ 1500 réfugiés depuis le début de la guerre en Syrie et 300 autres sont attendus d'ici octobre, d'après le département d'Etat. L'Allemagne, principale destination des réfugiés syriens en Europe, a donné l'asile à 20.000 d'entre eux le week-end du 5 septembre 2015.
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