Quand Washington rend justice aux Indiens d'Amérique
La plainte en nom collectif avait été déposée, il y a 13 ans, par une certaine Elouise Cobell, de la tribu des Blackfeet dans le Montana. Elle reprochait aux autorités de ne pas avoir redistribué aux Indiens la totalité des sommes générées par l'exploitation agricole et minière de leurs terres. S'en sont suivis sept procès et pas moins de 192 jours de discussions devant les tribunaux.
Car, au total, il est question de plus de 200.000 km² de terres tribales et 3,5 milliards de dollars, gérés par les autorités fédérales, pour les Indiens, conformément à une législation qui remonte au XIXème siècle. En 1887, par exemple, la loi Dawes avait imposé la division d'une partie des terres tribales, en petites parcelles allouées aux Indiens et gérées en leur nom par l'État.
L'accord trouvé hier prévoit donc une indemnité d'1,4 milliard de dollars qui devrait être versée à 300.000 Indiens détenteurs d'un terrain géré ainsi par l'État (chacun recevra donc 1.500 dollars). Il prévoit d'autre part de créer un fonds de deux milliards, pour racheter des terrains morcelés aux Indiens, de les rassembler et de les restituer aux tribus. Enfin, 60 millions seront consacrés à des bourses scolaires pour les étudiants amérindiens.
Le président Obama a évidemment salué la conclusion de cet
accord. C'était un de ses engagements de campagne. Mais, le texte doit être encore formellement entériné à Washington.
Aujourd'hui, on compte 4,5 millions d'Indiens ou de métis, aux États-Unis. Dont le portrait social fait peur : un sur quatre vit dans la pauvreté. Dans certaines réserves, le taux de chômage atteint 80% et 14% des logements n'ont pas l'électricité. Résultat : leur espérance de vie est de 4,6 ans plus courte (72,3 ans) que celle d'un Américain moyen. Leur taux de suicide : 18 pour 100.000 contre 11 en moyenne dans le pays. Enfin, l'alcoolisme les tue six fois plus que le reste de la population...
Cécile Quéguiner avec agences
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