Trump sans majorité aux primaires ? Un scénario déjà vu dans "House of Cards" et "A la Maison Blanche"
Malgré ses succès durant les primaires, Donald Trump doit se préparer à batailler pour obtenir l'investiture lors de la convention républicaine, en juillet. Deux séries ont déjà prévu tous les scénarios (ou presque).
Après huit années de mandat, comme Barack Obama, Joshua Bartlet doit céder sa place. Mais qui pour prendre sa succession ? Dans un épisode diffusé en avril 2005 aux Etats-Unis, le président fictif de la série A la Maison Blanche observe les prétendants démocrates livrer bataille pour remporter l'investiture, lors d'une convention très disputée.
Frank Underwood, lui, ne veut pas quitter le bureau ovale, malgré un premier mandat chaotique. Dans la dernière saison de House of Cards, diffusée en mars, le président démocrate doit lui aussi faire face à une convention pleine de rebondissements.
Le scénario doit se répéter en juillet prochain, mais ce n'est plus de la fiction : sauf surprise de dernière minute, le camp républicain devrait se déchirer à l'occasion de la convention du parti à Cleveland, dans l'Ohio. Car si Donald Trump domine la saison des primaires, il se voit toujours contester la victoire par ses adversaires, l'ultraconservateur Ted Cruz et le plus modéré John Kasich. A quoi ressemblera la bataille ? Francetv info a cherché les réponses dans les deux séries.
Attention, cet article révèle les enjeux majeurs de la saison 4 de House of Cards.
Une convention sans majorité
Dans A la Maison Blanche. A l'aube de la convention démocrate, aucun candidat n'a atteint le nombre magique de délégués – 2 162 – indispensable pour obtenir le majorité. Le numéro un, le vice-président Bob Russell, a remporté les primaires dans 25 Etats, mais n'a obtenu que 1 677 délégués. Insuffisant pour s'assurer d'emblée l'investiture du parti.
Un temps outsider, Matt Santos, représentant du Texas, arrive juste derrière avec 1 599 délégués. John Hoynes, l'ancien vice-président déchu, doit se contenter de la troisième place et de 956 délégués.
Dans la réalité. Certes, depuis le début de la campagne, personne ne semble en mesure d'arrêter Donald Trump. Mais l'omniprésence du milliardaire ne se traduit par pour l'instant par une majorité : à l'issue des primaires du mardi 26 avril, il ne peut compter que sur 949 délégués. Il en faut 1 237 pour s'assurer l'investiture.
Face à lui, deux candidats sont toujours en lice. Le plus proche, l'ultraconservateur Ted Cruz, a remporté 544 délégués. Le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, est loin derrière avec 153 délégués, mais n'a toujours pas jeté l'éponge. Si la convention se déroulait aujourd'hui, aucun candidat ne pourrait être certain de l'issue du scrutin.
Négociations et coup bas en coulisses
Dans A la Maison Blanche. Les candidats le savent : personne n'est en mesure de l'emporter d'entrée de jeu. Josh Lyman, le directeur de campagne de Matt Santos, veut convaincre les délégués promis à John Hoynes de rallier son candidat au second tour. Les négociations peuvent commencer. "Je veux savoir qui hésite, qui veut une carotte, qui a besoin d'un bâton", hurle-t-il.
L'un des membres de son équipe le prévient de la stratégie de John Hoynes, le troisième homme de la convention. L'ancien vice-président compte sur un blocage de la convention. Il espère que les délégués, face à l'impossibilité de départager Bob Russell et Matt Santos, se reporteront sur son nom, "la voix de l'expérience".
Dans House of Cards. Le machiavélisme de Frank Underwood manque de se retourner contre lui quand il décide de comploter pour investir sa femme Claire comme candidate à la vice-présidence, au détriment de sa secrétaire d'Etat, Catherine Durant.
La riposte de cette dernière ne se fait pas attendre. Son fief, la Louisiane, profite de la convention pour proposer sa candidature à la présidence. L'investiture de Frank Underwood est menacée, comme l'explique CNN dans la série : certes, le président en exercice a remporté les primaires démocrates, mais il reste en danger. La chaîne rappelle que dans 24 Etats, les délégués démocrates ne sont pas obligés de voter pour le candidat vainqueur dans les urnes.
Dans la réalité. Même si Donald Trump est en tête, rien ne lui garantit que "ses" délégués voteront pour lui. Environ 5% d'entre eux n'ont d'ailleurs absolument aucune obligation lors de la convention, explique le New York Times (en anglais) : c'est le cas de 54 délégués de Pennsylvanie, par exemple.
Heureusement pour le milliardaire, dans la plupart des Etats, les délégués doivent tout de même respecter le choix des électeurs, rappelle le quotidien américain – du moins dans un premier temps. A partir du deuxième ou troisième tour, ils sont souvent libres de sélectionner le candidat de leur choix, et donc de privilégier Ted Cruz ou John Kasich au détriment de Donald Trump. Le risque est d'autant plus grand que dans certains Etats, les délégués sont sélectionnés par les responsables du parti, pas franchement favorables au businessman
Un outsider sorti du chapeau
Dans A la Maison Blanche. Panique dans les états-majors des candidats. Avant même la fin du premier tour de vote, des pancartes en faveur d'Eric Baker circulent dans l'enceinte de la convention. Le gouverneur de Pennsylvanie n'était pas candidat lors des primaires, mais qu'importe : il se lance dans la course à la présidence, bousculant tous les pronostics.
Dans House of Cards. Officiellement soutenue par Frank Underwood, la secrétaire d'Etat Cathy Durand est en théorie assurée d'être investie candidate à la vice-présidence. Sauf qu'une prétendante de dernière minute apparaît : un sénateur du Kentucky offre sa voix à Claire Underwood, la Première dame des Etats-Unis.
Dans la réalité. Il n'a de cesse de le répéter : "Je ne veux pas et je n'accepterai pas l'investiture républicaine." Pourtant, depuis des mois, Paul Ryan est présenté comme une alternative à Donald Trump. En l'état actuel des règles, rien n'empêche l'actuel patron de la Chambre des représentants – ou un autre – d'être finalement choisi par les délégués.
La crainte d'un fiasco médiatique
Dans A la Maison Blanche. Le conseiller du président Bartlet, Leo McGarry, veut éviter une bérézina. "Nous avons besoin d'un parti uni derrière un seul candidat, prévient-il en coulisses au début de la convention. C'est la semaine où nous devons nous rassembler et montrer que l'on peut diriger avec intégrité et maturité."
Pas question de se louper, car toutes les caméras sont braquées sur la convention : les grandes chaînes de télévision veulent même diffuser le vote en prime-time.
Dans House of Cards. La convention est un événement incontournable pour le petit écran : avant même le début des votes, CNN disserte en boucle sur la "théâtralité" de l'événement, un "cirque" médiatique. Frank Underwood est bien conscient de l'enjeu en terme d'image – pour lui, mais aussi pour certains délégués avides de passer en prime-time. "Un politicien noierait une portée de chatons pour dix minutes en première partie de soirée", note le président américain.
Dans la réalité. Environ 15 000 accréditations seront accordées aux médias du monde entier pour couvrir la convention de juillet. Tout faux pas serait donc désastreux pour l'image des républicains. Le patron du parti, Reince Priebus, l'a bien compris et tente de convaincre ses troupes de ne pas s'entretuer en public. "Pour gagner en novembre, il est essentiel que nous soutenions tous notre candidat, plaide-t-il. La politique est un sport d'équipe et nous ne pouvons pas gagner si nous ne nous réunissons pas autour du candidat investi, quel qu'il soit."
A la fin, l'unité ?
Dans A la Maison Blanche. Poussé à l'abandon par Leo McGarry, Matt Santos décide de s'accrocher, en livrant un discours plein de bons sentiments à la tribune de la convention. "Ne votez pas pour nous parce que vous pensez que nous sommes parfaits, lance-t-il. Votez pour la personne qui partage vos idéaux, vos espoirs, vos rêves." Suffisant pour convaincre 2 751 délégués de le soutenir. La convention s'achève dans l'euphorie, avec le passage de témoin du président Bartlet.
Dans House of Cards. Fidèle à ses habitudes, Frank Underwood menace Cathy Durant dans le bureau ovale pour la convaincre de se retirer de la course. Sa femme, Claire, bénéficie d'un regain de popularité après la mort de sa mère. La convention se transforme en plébiscite du couple présidentiel, investis candidats par la foule.
Dans la réalité. Pour l'heure, rien ne laisse présager une fin heureuse à la convention de juillet. Si Donald Trump est investi, il devra faire campagne avec un parti profondément divisé, dont la plupart des cadres lui sont hostiles. Si un autre candidat est choisi, le milliardaire pourra toujours se présenter en novembre, en tant qu'indépendant. Un scénario qu'il n'écarte pas : "Je vais voir comment je serai traité. C'est très simple." Pour l'unité, on repassera.
À regarder
-
Kamala Harris reconnaît sa défaite
-
Election américaine : pourquoi un tel raz-de-marée républicain ?
-
Donald Trump encense Elon Musk après avoir déclaré sa victoire
-
Donald Trump revendique "une victoire politique jamais vue"
-
Comment les expatriés américains font pour voter ?
-
La mort de cet écureuil est récupérée par le camp de Donald Trump
-
Peut-on comparer démocrates et républicains à la gauche et la droite française ?
-
Donald Trump imite Emmanuel Macron
-
Présidentielle américaine : l'artiste Bad Bunny soutient Kamala Harris
-
Election américaine : qu'apporte Elon Musk à la campagne de Donald Trump ?
-
Election américaine : quand connaîtra-t-on le nom du prochain président élu ?
-
Maya Harris, plus proche conseillère de Kamala depuis plus de 50 ans
-
Quelle est la position des candidats à la présidentielle américaine sur le conflit au Proche-Orient
-
Aux Etats-Unis, "Superman" appelle les Américains à voter
-
Présidentielle américaine : des cookies Trump et Harris controversés
-
Election américaine : plus de 6 millions de dollars de paris sur le duel Harris-Trump
-
Les célébrités peuvent-elles influencer le scrutin américain ?
-
Pourquoi n'y a-t-il que deux grands partis aux Etats-Unis ?
-
Élection présidentielle aux États-Unis : le business des produits dérivés
-
Election américaine : "I have a Glock", quand Kamala Harris parle de son arme
-
Élection américaine : les démocrates contrôlent-ils la météo ?
-
Un bar à thème présidentiel aux États-Unis
-
La "Bible Trump" bientôt dans les écoles ?
-
Une interview de Melania Trump à 250 000 dollars ?
-
Une statue géante de Donald Trump aux États-Unis
-
Kamala Harris traite Donald Trump de poule mouillée
-
Des singes prédisent le résultat de l'élection américaine
-
Élection américaine : rencontre avec Raymond, électeur de Donald Trump
-
Visée par Donald Trump, la communauté haïtienne de Springfield est devenue la cible de l'extrême droite
-
Une possible tentative d'assassinat visant Donald Trump
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.